Demain, les trois alliés stratégiques se rencontreront au siège du MSP à l'occasion d'une réunion au sommet qui verra le parti islamiste prendre les rênes de l'Alliance pour les trois prochains mois. L'Alliance présidentielle se porte bien. Elle se porte tellement bien, qu'elle se permet même le luxe de combler le vide que laissent les autres partis politiques, soutient Bouguerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP). En d'autres termes, les contradictions et les confrontations, parfois violentes, entre les membres de l'Alliance ne sont que des scènes arrangées pour amuser la galerie par médias interposés. C'est une lecture qui vient de M.Soltani qui a révélé qu' «en l'absence des forces de l'opposition sur la scène politique nationale, les trois partis de l'Alliance veillent à préserver les débats contradictoires et la critique constructive». La divergence entre le MSP, le RND et le FLN n'est donc pas synonyme de faiblesse ou d'échec de cette entité politique. Bien au contraire, «l'autocritique, selon lui, est un signe de bonne santé. Ce n'est pas en applaudissant qu'on permettra au pays d'avancer. C'est notre slogan à l'Alliance», soutient l'invité de la rubrique A coeur ouvert avec L'Expression. Interrogé sur le retard dans la tenue du sommet de l'Alliance, M.Soltani l'explique par le relâchement durant l'été et la démobilisation au sein des partis politiques. «Après les élections du 17 mai, les trois formations avaient chacune besoin de prendre du recul pour mieux aborder le prochain virage électoral, en l'occurrence les locales.» Fidèle à ses positions, ce membre de la coalition gouvernementale rappelle, encore une fois, que l'Alliance présidentielle n'est pas un parti politique. «Chacune des formations a le droit d'exprimer son opinion librement et indépendamment de ses alliés.» Il ajoute: «Le pacte de l'Alliance est clair, la cohérence est réservée au programme du président de la République. Excepté ce point, les trois partis ont le droit de défendre chacun ses intérêts.» Demain, les trois alliés stratégiques se rencontreront au siège du MSP à l'occasion d'une réunion au sommet qui verra le parti islamiste prendre les rênes de l'Alliance pour les trois prochains mois. Soltani affirme que c'est par téléphone que la date du sommet a été arrêtée entre les trois leaders. Soltani promet de donner une nouvelle dynamique à ce pôle politique dont le parti prendra la direction. Le premier dossier qui sera mis sur la table a trait aux Codes de la commune et de wilaya. «Ce texte doit être soumis à l'APN avant et non pas après les élections. Nous allons insister sur ce point au niveau du gouvernement.» La revendication est sur la table du ministère de l'Intérieur. «On ne voit pas l'intérêt de promulguer un tel texte au lendemain des locales pour l'appliquer dans cinq ans», affirme Soltani. Au sein de l'Alliance, le MSP insistera sur le maintien du régime proportionnel qui permettra une représentativité plus équitable de la classe politique au niveau des APC et des APW. «Tout autre choix, défend-il, replongera le pays à l'époque de l'ère du parti unique.» Le troisième point a trait aux prérogatives accordées aux élus locaux «qui gagneraient à être soutenus.» Soltani doute, par ailleurs, des arrière-pensées de l'administration centrale, faisant référence aux bribes d'information ayant filtré sur ce texte, qui mettent en exergue l'intention du département de M.Yazid Zerhouni de renforcer les missions des secrétaires généraux. Dans le même volet, le président du MSP a regretté que la coordination entre les trois partis de l'Alliance présidentielle se limite au niveau du sommet. «Qu'est-ce qui empêche l'élargissement de l'Alliance au niveau de la base, aux collectivités locales.» Un voeu puéril, sachant que, pour les élections locales, les trois partis ont, d'ores et déjà, écarté toute possibilité de présenter des listes communes. Enfin, le parti islamiste compte relancer le débat sur le front social. Une conférence nationale se tiendra mardi au siège du parti autour de cette problématique. Le MSP promet d'aborder la question d'une manière «objective», loin de la démagogie qui a brillé durant tout l'été.