Dans cet entretien, le directeur de Hyundai Algérie, M. Omar Rebrab, passe en revue les problèmes auxquels sont confrontés les concessionnaires. Il interpelle également les autorités sur le fait que le marché des voitures d'occasion reste l'apanage de l'économie parallèle. Quel bilan faites-vous de ce premier trimestre 2007 ? Par rapport à notre business plan, nous sommes sur la bonne voie. Nous réalisons d'assez bons résultats. Nous avons même atteint les objectifs que nous nous étions assignés. Les ventes de véhicules tournent en moyenne autour de 2000 à 2500 véhicules par mois. Notre but est d'atteindre 32.000 véhicules d'ici à la fin de l'année. En dépit de la croissance que connaît le secteur de l'automobile, les concessionnaires algériens se plaignent de certains obstacles qui minent le marché… Il est vrai qu'il y a beaucoup de difficultés dans le marché de l'automobile. L'association des concessionnaires, récemment mise en place, travaille justement sur les problèmes de la pièce de rechange, les lenteurs de livraison causées par le Port, les véhicules importés ne répondant pas aux normes. Il y a un tas de dossiers qui concernent tous les concessionnaires. Il y a, chaque année, quelques améliorations notamment en termes de services et d'offres mais ce n'est as encore suffisant. Pour Hyundai, L'Algérie est l'un des marchés les plus intéressants d'Afrique. Sur tout le continent, c'est l'Algérie et l'Afrique du Sud qui enregistrent les meilleurs résultats. Pensez-vous que l'installation d'une usine de montage de véhicules est possible en Algérie ? Il faut savoir que le montage de véhicules ne demande pas grand-chose. Avant de le faire dans notre pays, il faut, à mon avis, commencer par fabriquer la pièce de rechange. D'autant que cela va créer beaucoup de postes d'emploi et générer une véritable richesse. Faire du montage alors que nous importons 100% de nos pièces de rechange ne peut rien apporter à l'Algérie. D'autant que les robots remplaceront bientôt la main d'œuvre. En revanche, si l'on fabrique la pièce d'origine localement, les différentes marques présentes sur le marché y trouveront leur compte et l'on pourra même exporter. Il y a, de ce fait, un grand intérêt pour le pays. Notre groupe a commencé à fabriquer les pièces de rechange pour les remorques (céréalières, carrières, citerne à eau ou à essence...). Nous importons aujourd'hui quelques composants, nous en réalisons d'autres sur place en collaboration avec une marque brésilienne. Nous envisageons de faire d'autres montages dans les domaines des camions et des bus qui ne demandent, au demeurant, pas grand-chose. On est obligés d'importer quelques produits et on pourra ainsi faire de " l'intégration nationale ". C'est là qu'il y a une valeur ajoutée pour le pays et pour l'entreprise. Il y a en Algérie la SNVI qui le fait mais c'est un domaine qui reste à développer. Aussi est-il nécessaire d'encourager les investisseurs qu'ils soient concessionnaires ou autres à se lancer dans la fabrication de la pièce de rechange. Chaque modèle de véhicule compte des milliers de pièces, c'est dire à quel point le marché est intéressant notamment en matière de création d'emplois. Le montage de véhicules, lui, contribue seulement à faire profiter les étrangers qui fabriquent eux-mêmes la pièce de rechange. Le message qu'il faut faire passer aux autorités est d'encourager les investisseurs locaux. Le marché des voitures d'occasion reste entre les mains de l'informel, y a-t-il, d'après vous, des possibilités de régulation ? Nous avons, à maintes fois, interpellé les autorités concernées sur ce problème. Si on veut réguler le marché des voitures d'occasion, l'Etat va récupérer la taxe sur la valeur ajoutée. Aujourd'hui l'Etat ne récupère strictement rien. Dès lors que ce marché reste parallèle, des sommes colossales passent sous le nez des impôts. D'autre part, il y a des consommateurs qui sont prêts à acheter des véhicules d'occasion mais qui ont besoin de garantie. Les acheteurs qui ne connaissent pas le secteur peuvent avoir des appréhensions. Le concessionnaire lui, vend des voitures, même d'occasion, avec des certifications de garantie qui protège les consommateurs. Si le marché des voitures d'occasion était entre les mains des concessionnaires professionnels, c'est l'Etat qui sera gagnante. D'autant que cela va créer des emplois et confère de la transparence. Or, en ce moment, nous butons sur un problème de TVA. Même si à la première vente, l'acheteur a payé la TVA, les second acheteur doit, lui, aussi mettre la main à la poche. Résultat : les prix des véhicules d'occasion va sensiblement augmenter. C'est donc un problème de coût. En imposant la TVA sur les voitures d'occasion, l'Etat fait fausse route. Je n'invente rien puisque ça se passe autrement bien de l'autre coté. Nous avons enregistré un tel retard qu'on demande seulement de copier. Il y a aujourd'hui un grand problème de communication entre les différents ministères et les concessionnaires. Il y a un certain nombre de problèmes dont nous devons discuter avec les ministères de tutelle. Il y a, entre autres, le problème de la circulation, la qualité des produits, l'homologation… Si nous communiquions, je peux vous certifier que beaucoup de problèmes seront réglés. Quelles sont les perspectives de Hyundai Algérie pour ces prochaines années ? Notre développement est sur la bonne voie. Nous avons démarré la construction d'un nouveau hangar pour la pièce de rechange à Oued Smar. Un hangar qui, il faut le signaler, fait pas moins de 17.000 m2. Ceci n'existe nulle part en Algérie. Même la France n'a que 12.000 m2. Hyundai va ainsi régler définitivement son problème de pièces de rechange. Nous comptons, par ailleurs, construire un show-oom de 2000 m2. Notre centre de formation sera agrandi. Nous représentons également EuropCar. C'est donc un important investissement que nous comptons réaliser cette année. Je ne peux vous communiquer le coût total de cette opération mais je peux vous dire qu'il est colossal. En somme, cela fait dix ans que Hyundai existe et elle continue à investir à aller de l'avant. Nous avons cette année un nouveau camion le HD 45, un segment qui manquait à notre gamme. C'est un produit qui n'a pas encore été commercialisé sur d'autres marchés… Peut-on avoir une idée sur le chiffre d'affaires de Hyundai Algérie ? Je ne peux vous donner le montant de notre chiffre d'affaires (rires). En revanche, je peux vous dire que nous avons vendu l'année dernière 25.000 véhicules. Cette année nous voulons atteindre les 32.000.