Le veillissement du parc automobile, le trafic sur ces voitures semblent avoir convaincu le président de la république de la nécessité d'une telle mesure. Mais son application pose problème. D'aucuns s'interrogent sur les conséquences qu'engendreraient l'interdiction d'importation de véhicules d'occasion de moins de trois ans sur le marché de l'automobile. La décision n'est, certes, pas encore arrêtée par les autorités habilitées, il n'en demeure pas moins qu'il est quasiment certain qu'une ordonnance présidentielle ou une disposition de la loi de finances complémentaire 2005 va abroger l'article de loi. Le président de la république, lors de sa visite récente au port d'Alger, a affiché clairement sa position, on peut plus défavorable, quant au maintien de cette disposition. Rappelons que les tentatives entreprises des gouvernements successifs depuis 1998 pour l'abroger ont été contrées par les députés. D'abord, on ignore encore la forme sous laquelle une telle interdiction sera appliquée. Concernera-t-elle uniquement les particuliers détenteurs de licences d'anciens moudjahidine ou s'élargira-t-elle également aux les sociétés versées dans ce créneau ? Autant de points noirs à clarifier à l'avance pour lever toute équivoque à ce sujet. L'on s'interroge, également, sur les motifs qui expliquent une telle intention. Certains professionnels estiment que les véhicules d'occasion importés sont à l'origine de l'insécurité routière. Un tel jugement ne peut toutefois être porté à toutes les voitures importées. Car, il existe bel et bien, parmi ces lots qui entrent chaque année en Algérie, des véhicules qui ont réellement moins de trois ans d'âge et qui sont très solides. Ce sont des véhicules qui répondent aux normes internationales. Ils sont donc, homologués. Ce qui, cependant, pose problème, ce sont les voitures qui ont en réalité plus de trois ans, mettent leur conducteur en danger et qui polluent l'atmosphère. Une telle situation pose la problématique du contrôle technique qui reste non performant, voire dans certains cas entièrement défaillant. Par conséquent, une réflexion pour la révision de la réglementation et des procédures de contrôle et le respect doit être engagée en toute urgence... Un autre problème et non des moindres pourrait surgir. Il s'agit de la conformité d'une telle décision aux accords de libre-échange et aux règles du commerce international auxquels tend à s'aligner l'Algérie. L'interdiction d'importation de véhicules d'occasion semble incompatible avec les dispositions de l'accord d'association de l'Algérie avec l'Union européenne qui entrera en vigueur, en principe, au cours de cette année. Avec une telle mesure, l'Algérie risque d'être mise au banc des accusés par les autres pays membres de l'OMC car elle s'inscrirait en faux par rapport aux accords de cette organisation. Le parc automobile national sera progressivement, par ailleurs, “dépourvu” de vieux véhicules et se rajeunira davantage. 70 000 voitures d'occasion importées n Environ 195 153 véhicules, d'une valeur de 136,3 milliards de dinars, ont été importés durant l'année dernière. Plus de 125 100 voitures ont été introduits dans le cadre commercial (opérations ayant fait l'objet d'une domiciliation bancaire), soit une valeur de 83,8 milliards de dinars. Les particuliers ont importé quelque 70 000 voitures de moins de trois ans d'une valeur de 52 milliards de dinars soit environ 700 millions de dollars. Si les importations des concessionnaires ont connu une hausse de 55% par rapport à l'année dernière, celles des particuliers, en revanche, ont baissé de 22% à cause, entre autres, de la flambée de l'euro. Entre 7 000 et 10 000 véhicules ont été, par ailleurs, importés dans le cadre de l'Apsi. Les concessionnaires s'expriment : “L'Algérie ne doit pas être une poubelle” n L'un des acteurs les plus concernés par cette mesure reste le concessionnaire. La plupart des représentants des firmes étrangères souhaitaient l'abrogation de cette disposition. Ainsi, le terrain, qui sera cédé par les importateurs de véhicules de moins de trois ans, sera reconquis par les concessionnaires. Ce qui augmentera, à coup sûr, leur volume de ventes et, par ricochet, leurs parts de marché à la fin de l'exercice. Il faut, toutefois, combler le vide qu'a laissé la Cnep et encourager d'autres institutions financières qui accorderont des crédits à même d'intéresser les clients. Renault, qui a importé, selon les statistiques du Cnis, 26 388 véhicules d'une valeur de plus de 17 milliards de dinars en 2004, soit une évolution de plus de 118% par rapport à 2003 où il a introduit quelque 12 000 voitures, ne se sent pas concerné par cette mesure. “Pour nous, cette éventuelle décision d'interdiction ne diminue aucunement la pression que nous exerçons pour vendre des véhicules de qualité à des prix abordables, tout en assurant un service après-vente de qualité”, précisera M. Mahdjoub, directeur de la communication de Renault. Une telle mesure permettrait aux cadres de Peugeot de gérer un nombre amoindri de références de pièces de rechange. Pour Pascal Morel, DG de Peugeot Algérie, cette mesure orientera les clients vers l'achat de véhicules neufs. Ainsi, estime le DG, l'arrêt de l'achat des véhicules d'occasion engendrera des volumes supplémentaires qui s'ajouteront à ceux que les concessionnaires réaliseront. Le parc, selon lui, se rajeunira davantage. Il faut souligner que Peugeot a importé 21 749 véhicules d'une valeur globale de 16 milliards de dinars. Pour Citroën, qui a introduit 5 427 unités d'une valeur de près 4 milliards de dinars, cette mesure devrait être accompagnée par une révision à la baisse, de 5% par exemple, des droits de douanes qui permettra de combler le déficit provoqué par la flambée de l'euro par rapport au dinar algérien. Hyundai a, pour sa part, importé 15 396 voitures d'une valeur de plus de 7 milliards de dinars. Il approuvera cette décision si son application est programmée officiellement. Omar Rebrab, DG de Hyundai Motor Algérie (HMA), avoue que cette mesure encouragerait les concessionnaires à investir davantage dans le service après-vente, la pièce de rechange, le suivi du client et créera plus de postes d'emploi… “L'Algérie ne doit pas être une poubelle”, conclura M. Rebrab. B. K.