Le public constantinois, amateur du quatrième art, n'a pas regretté son déplacement au théâtre de la ville, dans la soirée du dimanche. Le spectacle donné par la troupe oranaise Masrah El Madina, dans un théâtre plein comme un œuf, en valait mille chandelles. La bande menée par le chevronné Mohamed Adar n'a pas vraiment démérité, surtout que l'assistance nombreuse a vivement apprécié la pièce Hamma le cordonnier, réalisée par Adar lui-même, d'après un texte de l'impressionnant Azzedine Mihoubi, dont c'est la seconde œuvre en ce printemps théâtral de Constantine après Aïssa Tsunami, présentée en ouverture par la troupe du théâtre régional de Constantine. Cette dernière ne diffère pas dans sa trame de celle présentée par les Oranais, sauf que Aïssa Tsunami est un écrivain public. Il faut dire aussi que les passionnés des tréteaux à Constantine attendaient avec impatience cette prestation à la sauce typiquement oranaise, surtout après la déception laissée par la piètre prestation de la troupe du TRO avec la pièce El Koussouf, présentée la nuit d'avant. L'histoire de Hamma le cordonnier est assez simple, puisqu'elle raconte l'aventure « fictive » d'un vieillard qui rêve un jour de créer un parti politique qu'il nommera « le parti sommas » (semence), en référence aux clous que les cordonniers utilisent pour retaper les vieilles chaussures. Une aventure qui dure deux heures et dont les péripéties le mèneront vers le monde hypocrite de la politique avec ses interminables engrenages. Ce ne sera finalement qu'un rêve, puisque Hamma ne tardera pas à se réveiller pour revenir à son quotidien de simple cordonnier devant le mur d'un vieux quartier de la ville. Pour le public qui choisira de veiller à l'opéra de la place du 1er Novembre, le printemps théâtral qui durera jusqu'au 6 avril, se poursuit avec la présentation, aujourd'hui, de la pièce Nouzoul Achtar ila el Djahim (la descente d'Achtar aux enfers, ndrl ) par la troupe Praxis de la ville de Miliana.