Les autorités sont appelées à aider cette troupe qui mérite tous les encouragements, vu la qualité inestimable du travail que ses éléments fournissent. Qui a dit que le théâtre algérien souffre d'un manque de comédiens talentueux capables de faire briller son image à l'extérieur? Ceux qui croient en cette thèse doivent se détromper. La preuve, si besoin est, est celle des deux comédiens de la troupe théâtrale Masrah Ettadj de Bord Bou Arréridj, Sofiane Attia et Nouari Radjaï qui viennent de décrocher respectivement les 1er et 3e Prix d'interprétation lors de la 25e session du Festival printemps des amateurs du théâtre de Hammam-Sousse, en Tunisie, qui s'est tenu du 18 au 25 du mois de mars dernier. Selon le directeur de la troupe, Ali Alloun, les deux acteurs ont été choisis parmi une centaine de comédiens venus de plusieurs pays arabes pour participer à ce festival annuel. Il a fait savoir en outre, que les deux comédiens cités plus haut ont remporté les deux Prix grâce à leurs prestations dans la pièce de théâtre de rue intitulée Djouha qu'ils avaient présentée devant le public de la ville de Sousse. Cette pièce a, d'ailleurs, obtenu «un large succès au sein de la population de Sousse», a indiqué Ali Alloun, précisant que «c'est la première expérience du théâtre algérien en matière de spectacle de rue». Cette pièce, mise en scène par le réalisateur Rabie Guechi, est considérée parmi l'un des chefs-d'oeuvre de la troupe Masrah Ettadj de la ville d'El Bordj. Mais de quoi traite au juste cette pièce? Comme son titre l'indique, elle aborde les péripéties du personnage le plus célèbre dans le Grand Maghreb, Djeha. La troupe reprend les aventures de ce «Don Quichotte» maghrébin qui se retrouve tantôt dans des situations loufoques où le héros est intelligent; tantôt niais, mais toujours extravagant. Dans une déclaration à l'APS, le directeur de la troupe Ettadj, Ali Alloun a affirmé que cette pièce a eu un succès inattendu auprès du public. Pour rappel, cette même pièce a été jouée par la même troupe en langue française en 2003, dans le cadre du théâtre de rue à Paris, en France, et en langue anglaise en Roumanie en 2002. Plusieurs fois récompensée pour la qualité de son travail et son effort de recherche, la troupe bordjienne a déjà produit 20 pièces théâtrales, toutes jouées par une poignée de comédiens aussi doués que passionnés. Après ce franc succès en Tunisie, Masrah Ettedj a été invité à se produire en juillet et en août prochains à Djerba et de nouveau à Sousse, a révélé Ali Alloun qui a, cependant, fait état de «difficultés financières éprouvées par la troupe pour donner la pleine mesure de son talent». Les autorités sont donc appelées à intervenir pour aider cette troupe qui mérite tout de même les encouragements, vu la qualité inestimable du travail que ses éléments fournissent. Car, au demeurant, aujourd'hui il ne s'agit pas seulement d'injecter des sommes financières faramineuses dans la réalisation des infrastructures, mais il faut aussi porter un regard sur l'activité du secteur de la culture. En ce sens, il faut savoir que les troupes de théâtre ne demandent pas la lune, mais juste un petit budget, ou si l'on veut «un petit fonds de roulement» avec quoi on peut surmonter la pente. Il suffit de petits encouragements, et le résultat se verra sur scène. Nous ne parlons pas ici uniquement de la troupe Ettaj mais de l'ensemble des troupes qui existent en Algérie. Par ailleurs, le directeur de Mesrah Ettedj a indiqué, que le déplacement jusqu'à Sousse «n'a pu s'opérer que grâce au concours des autorités locales qui ont pris en charge les billets d'avion». Soulignons que pour le moment, la troupe prépare une pièce intitulée Fantasia financée par le Commissariat de la manifestation Alger, capitale de la culture arabe 2007. Une pièce que tout le monde attend avec impatience. C'est ainsi que le public du 4e art portera son jugement sur les prestations des comédiens qui ont porté haut le nom de leur troupe, et pour ainsi dire, celui du théâtre algérien. Il est à noter enfin que l'Algérie a pris part à la 25e session du Festival printemps des amateurs du théâtre de Hammam-Sousse avec une autre pièce, Ulysse de la troupe Masrah Addik (Théâtre du Coq) de la ville de Sidi Bel Abbès. Cette pièce, en dépit de la «faveur» qu'elle a eue auprès du public, n'a tout de même décroché aucun Prix en Tunisie. Ulysse ne semble pas avoir le vent en poupe.