Air Algérie va envoyer, prochainement, une délégation pour faire le point et enquêter sur les ratés de son système de réservation à Montréal, géré par Aviajet, après avoir été saisie par le ministère des Affaires étrangères, informé de la grogne de la communauté. Montréal. De notre correspondant Ce qui est appelé à Montréal « l'affaire Air Algérie » a commencé le 19 mars dernier, jour d'ouverture des réservations sur la très attendue desserte Alger-Montréal. Dès 8h, le système affichait complet jusqu'à la mi-juillet et il était impossible de trouver une place à travers les différentes agences à Montréal pour la haute saison. Ceux qui s'aventuraient à appeler Air Algérie (Aviajet) à Montréal étaient accueillis par un message enregistré les informant que « la boîte vocale appartenant à Air Algérie est pleine » et se terminant par un « Veuillez raccrocher s'il vous plaît ! » Une situation qui a fait réagir la communauté algérienne au Canada. Celle-ci n'a pas compris aussi qu'Air Algérie et son représentant au Canada, Aviajet, aient opté pour un black-out digne des romans d'espionnage. Sur les sites algeroweb.com et salamontreal.com, les commentaires allaient du dépit aux lancements de pétitions en passant par des demandes d'ouverture d'enquête et de dépôt de plaintes auprès du chef du gouvernement. D'ailleurs, les forums de ces deux sites peuvent constituer une excellente source d'informations sur le profil des clients potentiels d'Air Algérie et ses concurrents. Les départements marketing et étude de marchés n'auront pas à débourser des milliers de dollars en frais de consulting ! Patrice Malacort, PDG de la compagnie Aviajet, spécialisée dans la représentation des compagnies aériennes et agent d'Air Algérie au Canada, a expliqué à El Watan que cette situation est due au fait que plusieurs clients ont fait de multiples réservations dans différentes agences. « On s'est retrouvé avec des doubles, triples voire des quadruples réservations pour le même client », a-t-il affirmé. Il donne l'exemple d'une famille de 5 membres qui réserve dans quatre agences. « Ceci bloque inutilement 15 sièges », explique-t-il. Une explication difficile à admettre par une communauté dont une bonne partie est composée d'informaticiens qui ont appris sur les bancs des universités algériennes qu'une base de données ne peut souffrir ni de doublons ni de triplons depuis qu'Edgar Codd a inventé le modèle relationnel dans les années 1970 ! Ce flottement a duré jusqu'au début du mois d'avril ou après un « nettoyage manuel » des listes de réservation, « 50 % de la capacité a été libérée ». Cela a permis une reprise graduelle. Mais entre temps, plusieurs clients ont choisi de passer par Casablanca, Paris ou Francfort, vu que les prix sont pratiquement les mêmes. La demande étant plus grande que l'offre, aucune compagnie n'a réagi à la venue d'Air Algérie. Cette dernière n'a pas opté pour une politique de prix agressive et n'a pas lancé les hostilités d'une guerre des prix avec les autres compagnies. Pour Patrice Malacort, « toutes les compagnies procèdent à des nettoyages de leurs listes. En moyenne après un à trois mois ». « Habituellement, les réservations commencent en novembre chez les autres compagnies pour la haute saison. Nous, nous avons eu à procéder au nettoyage dans un délai de deux semaines, du fait de l'effet entonnoir créé par des milliers de demandes à cause des multiples réservations », a-t-il expliqué. Le choix du nettoyage manuel au lieu d'un nettoyage automatique, selon le PDG d'Aviajet, permet de ne pas annuler systématiquement les multiples réservations. « Nous avons appelé un à un les clients pour leur donner la possibilité de choisir au lieu de leur annuler leurs réservations », a-t-il expliqué. Le consul général d'Algérie à Montréal, Abdelaziz Sebaâ, affirme que « le dossier est suivi de près et que le ministère des Affaires étrangères est tenu au courant de l'évolution de la situation ».