Une cinquantaine de chercheurs et scientifiques algériens établis à l'étranger se sont réunis, hier à Alger, pour examiner les moyens de jeter des passerelles entre eux, leurs collègues en Algérie et les institutions de l'Etat. Ils sont venus de plusieurs pays, dont la France, la Belgique, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, le Canada, l'Arabie Saoudite et la Malaisie, pour participer à la conférence des compétences algériennes à l'étranger, organisée par la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), qui s'étalera sur trois jours. Les participants discuteront des solutions à apporter aux questions suivantes : comment organiser les compétences algériennes en Algérie et à l'étranger ? Quelle structure légale est proposée ? Quel serait le rôle de cette organisation ? Comment serait-elle financée ? Quelles missions va-t-elle entreprendre ? Les chiffres révélés à propos de la fuite des cerveaux suscitent l'inquiétude mais surtout des questionnements. Entre 30 000 à 100 000 chercheurs algériens sont établis à l'étranger, activant dans tous les domaines, notamment le management, les nouvelles technologies, la médecine, les banques, la biotechnologie et les énergies renouvelables. Les pays d'accueil sont ceux de l'Europe, le Canada, les Etats-Unis, les pays du Golfe, la Chine et la Malaisie. Pour le président de la Forem, Mustapha Khiati, cette rencontre vise un objectif stratégique en cherchant à impliquer les compétences algériennes établies à l'étranger dans le processus du développement national. Il indique que cet espace permettra également d'« humaniser les rapports entre nos chercheurs et les institutions publiques » car, explique-t-il, « la bureaucratie a de tout temps joué le rôle de blocage entre les deux parties ». De son côté, Abdelhak Makki, ancien directeur de l'Institut d'études du commerce international de Genève, directeur exécutif de la Forem, affirme que la production scientifique en Algérie demeure très faible, ne dépassant pas les 350 publications durant l'année 2001, tandis que le Maroc a multiplié par 10 le nombre de ses publications et que la production scientifique journalière dans le monde est de 8000 articles. Pour lui, la fuite de cette matière grise s'explique plus par un besoin scientifique qu'économique. Il a révélé, en outre, que pas moins de 3000 médecins spécialistes algériens se trouvent en France. M. Makki invite les autorités à encourager la création de cet espace de contacts et de coordination. Pour sa part, le président d'IBScientific, Abdelkader Assafi, a estimé que cette rencontre, coïncidant avec la célébration de Youm El Ilm (Journée du savoir), devra permettre de « nouer des contacts entre les experts algériens résidant à l'étranger et les différents représentants des ministères ». Mohamed Boudjellal, chercheur et responsable dans un groupe pharmaceutique à Londres, a fait savoir que pas moins de 10 000 scientifiques algériens ont été recensés entre 2000-2005 aux Etats-Unis et 3000 en Grande-Bretagne. Prenant la parole, Belgacem Rahmani, président du Regroupement des Algériens universitaires du Canada, dira : « Nous ne sommes pas là comme des donneurs de leçon mais pour aider, et on ne peut aider qu'à la demande des Algériens. » Ainsi, il exprime la disponibilité des scientifiques algériens résidant à l'étranger pour répondre aux demandes de leurs collègues en Algérie. Il ajoutera : « A l'instar de la Corée du Sud et du Québec dans les années 1960 (révolution tranquille), de la Chine d'aujourd'hui, les décideurs algériens gagneraient à privilégier l'apport des membres compétents de la communauté algérienne qui œuvrent dans les pays industrialisés. » Ainsi, promet-il, pour la mise à niveau des universités algériennes, les professeurs et chercheurs algériens œuvrant dans des pays industrialisés seraient heureux de collaborer avec leurs collègues en Algérie. Quant à Lakhdar Boukerrou, docteur au Centre de la Floride pour les études environnementales (Etats-Unis), il a présenté une communication portant sur la « Collaboration entre les Algériens en Algérie et à l'étranger : stratégie pour une structure organisationnelle ». Pour la journée d'aujourd'hui, deux thèmes majeurs seront débattus : les nouveaux domaines émergents et l'université, industrie et transfert technologique. Le docteur Abderrahmane Bahri, de la Banque américaine, branche de Londres, parlera de la stratégie de gestion de la diaspora, en présentant les leçons à retenir de la fuite des cerveaux en Inde et en Chine, pour le cas de l'Algérie. De son côté, Ramdane Djoudad, Ottawa, Canada, traitera du thème « Structures financières et développement, quels sont les choix pour l'Algérie ? ».