Ils sont, en revanche, plus de 40 000 cadres à avoir quitté le pays. Le Maroc enregistre 10 fois plus de productions scientifiques que notre pays qui n'utilise pas la recherche scientifique pour son développement. Tel est le constat établi hier par les participants à la conférence des compétences algériennes à l'étranger, organisée, à Alger, par la Fondation nationale pour la promotion de la recherche scientifique dans le domaine de la santé (Forem) et l'Organisation scientifique d'Ibn Badis (IB Scientific). Une trentaine de chercheurs et de chefs d'entreprise algériens résidant à l'étranger se sont, en fait, réunis pour examiner les mécanismes à mettre en oeuvre en vue de favoriser l'émergence d'une interface mutuelle (entreprises privées et publiques et les institutions de l'Etat). Plusieurs raisons ont été relevées qui font que la recherche scientifique n'avance pas dans notre pays. «Nous avons l'impression d'être sous-valorisé», argumentera Abdelhak Makki, membre de la Forem, en ajoutant que les efforts des chercheurs sont réduits à des initiatives personnelles plutôt qu'au développement de la recherche. Selon lui, les pouvoirs publics n'encouragent pas les universitaires à faire de la recherche. Pour lui, il y a une incohérence entre le discours scientifique et la situation socioéconomique. Les intervenants ont relevé, notamment, que la fuite des cerveaux en Algérie s'est accentuée entre 1987 et 2001. Ils seraient plus de 40.000 cadres a avoir fui le pays. Le président de la Forem, M.Mostefa Khiati, avance, pour sa part, le chiffre de 1000 chercheurs en Algérie. Selon un rapport du Cnes, publié en juillet 2005, il a été indiqué que sur un total de 10.000 médecins étrangers immigrés en France, plus de 7000 sont algériens, dont 2000 dans la seule région parisienne. Selon des estimations faites à cet effet, il en ressort un départ de quelque 71.500 diplômés algériens vers la France dans la période 1994-2006. Pour sa part, l'Institut national de la statistique et des études économiques français (Insee) a recensé quelque 99.000 chefs d'entreprise d'origine algérienne en Europe, dont une majorité en France. Aux Etats-Unis, la communauté algérienne composée d'environ 18.000 personnes compte, néanmoins, 3000 chercheurs et scientifiques de «très haut rang». Aussi, depuis 1990, notre pays n'a enregistré aucune production scientifique. Selon M.Makki, le nombre de publications scientifiques a atteint seulement 260 en 2001 alors qu'en Tunisie il était de 400. En revanche, la production journalière d'articles scientifiques est de 8000 dans le monde. La rencontre sur les compétences algériennes à l'étranger permettra, selon M.Khiati «d'humaniser les rapports entre nos chercheurs et les institutions publiques» car, selon lui, «la bureaucratie a de tout temps joué le rôle de blocage entre les deux parties». De son côté, l'ambassadeur du Canada en Algérie, M.Robert Peck, a indiqué que la diaspora algérienne peut jouer un rôle important et contribuer davantage dans le développement de son pays, le Canada. Pour lui, il existe une très grande volonté chez cette diaspora, d'accompagner l'Algérie dans son développement, estimant que la communauté algérienne, notamment celle résidant au Canada, est une (véritable) passerelle entre les deux pays. «Il faut une approche pratique et pragmatique pour sortir avec des recommandations pratiques», a-t-il ajouté. Les chercheurs algériens présents à la conférence sont venus, signale-t-on, de plusieurs pays, dont la France, la Belgique, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, le Canada, l'Arabie Saoudite et la Malaisie.