Avril est un mois particulier pour la Kabylie et pour tous les militants de la démocratie, des libertés et du combat identitaire. Du printemps berbère au printemps noir, il ne reste plus rien ou presque. 27 ans après l'interdiction d'une conférence de Mouloud Mammeri à l'université de Tizi Ouzou, c'est l'administration, et par ricochet le pouvoir, qui célèbre cette date symbolique. En dehors du programme de festivités organisées par la direction de la culture de wilaya et un groupe d'associations, ainsi qu'une marche à laquelle a appelé le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) de Ferhat M'henni, rien n'a été fait par les traditionnels acteurs de la scène politique locale. Tout le monde semble avoir les yeux braqués sur les prochaines échéances électorales. Il faut dire qu'aujourd'hui, rares sont les personnes qui évoquent encore la symbolique de ce 20 avril 1980. Même les événements qui ont endeuillé la Kabylie en 2001, avec plus de 120 morts, ne font plus recette. Engluée dans une multitude de problèmes, tels que le chômage, la délinquance, la criminalité, le sous-développement, la Kabylie semble avoir perdu tous les repères. Les partis à fort ancrage local ne font parler d'eux qu'à chaque rendez-vous électoral, alors que le mouvement des archs qui avait occupé la scène depuis 2001 est devenu amorphe. D'autres partis, très proches du pouvoir, font parler d'eux, occupent la scène, au moment où d'autres, encore inconnus, tentent de grignoter quelques parts de l'audience. L'approche des élections et la situation sécuritaire ne peuvent expliquer cette absence de commémoration d'une date symbolique comme le 20 avril 1980. Cela n'intéresse peut-être plus personne de parler du printemps berbère ou du printemps noir. Tamazight ne fait plus recette. Les idéaux de justice, de liberté, de démocratie qui ont toujours été scandés par des milliers de manifestants depuis 1980, seront sans doute défendus ailleurs que dans les rues de Tizi Ouzou ou de Béjaïa. C'est peut-être aussi cela la réconciliation nationale chère à Bouteflika.