Après avoir longtemps misé sur des itératives offres de paix en direction des groupes armés, le président Bouteflika semble avoir subitement changé son fusil d'épaule. L'homme de la concorde civile et de la réconciliation nationale s'est montré, à l'occasion de la commémoration du 42e anniversaire de l'Indépendance, un éradicateur déterminé et coriace. « Le terrorisme a été vaincu, mais n'a pas été totalement éradiqué. La lutte doit être poursuivie sans répit et d'une manière implacable en vue de l'anéantissement total de ce fléau », a déclaré le chef de l'Etat d'un ton ferme. Le message du Président américain a-t-il pesé lourdement sur les nouvelles orientations de Bouteflika pour que ce dernier passe de la stratégie de la carotte à celle du bâton ? C'est une possibilité. Mais il ne faut pas perdre de vue que l'Algérie reste pionnière dans la lutte antiterroriste. Et que de ce point de vue, il ne peut lui être reproché d'être complaisante avec les terroristes. Partagé entre les exigences de la lutte contre le terrorisme et son désir de rétablir la paix quelles que soient les concessions en direction des « égarés », le président Bouteflika donne l'apparence d'un homme tourmenté et dont le choix balance entre sa « tentation réconciliatrice » et la nouvelle donne sécuritaire mondiale. Mais cela ne demeure qu'une impression puisque pour Abdelaziz Bouteflika « il n'y a pas de contradiction à prôner la réconciliation nationale et à poursuivre la lutte antiterroriste ». Une question demeure néanmoins : les terroristes qui se sont rendus récemment aux forces de sécurité, à l'issue des tractations qui se seraient engagées entre les groupes armés et les services de renseignement, vont-ils bénéficier d'une quelconque grâce amnistiante ? Dans son dernier discours, le chef de l'Etat n'a pas répondu, en tout cas, à cette interrogation.