La direction de l'agence CNAS de M'sila a procédé dans l'après-midi de mercredi dernier à la suspension, par mesure conservatoire, avant leur comparution devant la justice, de 18 employés dont 3 chefs de centre, qui se sont succédé durant la période mars 2006-février 2007. Le chef de service comptabilité et un médecin chef se substituaient à des assurés bénéficiant du système du tiers payant, choisis parmi les plus âgés, et détournaient à leur profit des sommes faramineuses. Ces mis en cause procédaient à la confection d'ordonnances dont le montant variait entre 800 000 DA et 120 000 DA, en y apposant des fausses vignettes. Pour la plupart des cas, il n'y avait aucun rapport entre les médicaments prescrits et les personnes (âgées), tels le viagra ou les opérations d'esthétique. Deux médecins du secteur privé confectionnaient ces ordonnances transitant par le service prestation. Des complices du centre établissaient l'ordre de paiement. Et au service de comptabilité, d'autres établissaient, au nom des assurés, des chèques qui étaient déposés à la BDL. Ceux-ci étaient encaissés par un agent CNAS avec la complicité d'un élément de la banque. Le montant détourné entre la période mars 2006-février 2007 s'élève à 8 millions de dinars. Une plainte a été déposée contre ces employés pour dilapidation de deniers publics et faux et usage de faux. Il est tout de même curieux que la direction de l'agence CNAS de M'sila, qui a procédé à la suspension de ces 18 employés après la découverte de leurs agissements, n'ait pas suspendu les 60 agents à l'origine de malversations et actes frauduleux ayant causé un préjudice de plus de 23 milliards de centimes. Le plus grave est que pas moins de 4 agents, impliqués dans la première affaire, ont récidivé dans la deuxième. Après cette suspension, tout un chacun est en droit de s'interroger sur la politique du deux poids, deux mesures pour 2 affaires qui ont causé un énorme préjudice en dépit des recommandations de la direction générale de la CNAS qui avait insisté pour la suspension, par mesure conservatoire, des 60 agents de la CNAS impliqués. Rappelons que la première affaire, enclenchée par l'inspection générale de la CNAS, suite à un article d'El Watan du 26 octobre 2005, a mis en relief les dysfonctionnements dans l'organisation, des malversations et des carences dans la gestion, ayant impliqué des responsables des agents de l'agence, des prescripteurs, des pharmaciens d'officine et des transporteurs sanitaires. Cette affaire est au niveau de la justice depuis 9 mois. Avec cette deuxième affaire qui vient se greffer à la première, ce sont 83 personnes ayant saigné à blanc la trésorerie de la CNAS causant un préjudice de 25 milliards de centimes.