L'implantologie dentaire semble prendre des proportions en Algérie. Une dizaine de chirurgiens dentistes privés pratiquent cette nouvelle technique. Celle-ci est soumise à une formation spécifique pour pouvoir la maîtriser et assurer une réelle prise en charge, en cas de complications qui ne sont pas à écarter. C'est, du moins, ce qu'ont tenté d'expliquer, hier, les spécialistes lors des deuxièmes journées d'implantologie d'Alger, organisées par la section ordinale d'Alger des chirurgiens dentistes à l'hôtel El Riadh à Sidi Fredj. Placée sous le thème « Ethique et implantologie », cette rencontre, à laquelle ont pris part des spécialistes algériens et étrangers, s'inscrit dans le cadre de la formation continue. Le président de la section, le Dr Touati, a affirmé que l'Algérie a accumulé beaucoup de retards en matière d'implantologie par rapport à nos voisins tunisiens. Il estime qu'il est important d'encourager son développement en Algérie, tout en précisant que ce traitement doit être indiqué comme dernier recours. « Car, ce n'est pas une spécialité mais seulement une thérapie, parmi d'autres, de tout l'arsenal que nous pratiquons jusque-là », a-t-il dit. Pour le Dr Touati, l'éthique veut que l'intérêt du malade soit sauvegardé. Des moyens draconiens La technique nécessite, selon lui, une aseptisation draconienne, des moyens matériels importants et un environnement de qualité. « Nous devons expliquer à nos confrères que l'implantologie ne doit pas constituer un fonds de commerce. Les médecins chirurgiens dentistes ne doivent pas pousser les malades à opter pour ce traitement dont les conséquences sont, parfois, difficiles à prendre en charge en Algérie », en précisant que le coût de ce traitement revient excessivement cher. Cette technique, poursuit-il, exige des connaissances solides et une formation spécifique. « L'université algérienne, la faculté de médecine particulièrement, doit inscrire la formation dans le cursus d'un chirurgien dentiste, surtout que le taux de réussite de ce traitement est évalué à 95% », a-t-il indiqué. L'enseignement d'un module portant sur l'implantologie au niveau du département est aussi le souhait de M. Boudraâ, directeur d'odontologie conservatrice endodentie à la faculté de médecine d'Alger et chef de service de chirurgie dentaire à l'hôpital Mustapha Bacha. Selon lui, les moyens humains existent. « Ce qui manque, ce sont les moyens matériels. Nous avons des enseignants spécialistes qui sont capables d'enseigner ce module », a t-il déclaré en aparté. Pour le Dr Sikfali, les médecins ont le devoir d'informer leurs patients de toutes les possibilités de réhabilitation maxillaire et de toutes les formes de prothèses, notamment l'existence de cette forme de traitement (implantologie), car il estime que beaucoup de cas nécessitent ce type d'implant. Interrogé sur le taux des demandes, le Dr Sekfali a souligné que la demande vient beaucoup plus de la gent féminine, mais en raison du coût élevé de ces implants, elle reste quand même freinée. « Un seul implant avec toute la technique de pose revient entre 60 000 à 80 000 DA », a-t-il dit. Cela représente une moyenne, précise le Dr Touati, car cela dépend des calibres. « D'autant plus qu'en Algérie, il n'y a pas un grand choix : seulement deux fournisseurs représentant deux marques sont installés. » A propos des effets secondaires que peut engendrer cette forme de chirurgie, le Dr Sikfali a tenu à préciser, d'abord, que ce ne sont pas tous les patients qui peuvent en bénéficier, pour différentes raisons, les obstacles anatomiques, notamment. Pour lui, l'implantologie est contre-indiquée pour les personnes atteintes de diabète, les tabagiques et tous ceux qui souffrent de maladies osseuses. « Le médecin doit savoir dire que ce n'est pas possible », a-t-il recommandé. Par ailleurs, l'implantologie connaît par contre en Tunisie une forte demande. Selon le Pr Chedly Baccouche, président de l'Association tunisienne d'étude et de recherche en implantologie, 10% des chirurgiens dentistes (1000) tunisiens pratiquent cette méthode. Forte demande algérienne La pratique, initiée en Tunisie depuis les années 1990, est bien répandue et « nous avons une forte demande, notamment de la part des Algériens que ce soit pour la formation ou pour l'initiation ». Quant à la formation, le Pr Chedly a affirmé que des conventions ont été signées par des facultés belges, françaises, italiennes et allemandes pour enseigner cette technique. « Nous recevons, chaque année, des chirurgiens dentistes aux différences sessions de formation dont des médecins algériens. Au cours de cette année, nous avons assuré la formation pour 30 candidats dont 18 chirurgiens dentistes sont de nationalité algérienne ». Il a signalé que la formation dure deux années et elle est organisée par sessions de trois jours par semestre. Elle revient, d'après lui, à 1500 euros. Durant cette journée, plusieurs thèmes ont été développés tels que la « Gestion des complications biologiques en implantologie », « Apport des facteurs de croissance en implantologie » et la « Gestion des complications mécaniques en implantologie ».