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Théâtre. La pièce El Machina
Le goual de A à Z…
Publié dans El Watan le 26 - 04 - 2007

… ou de Alloula à Ziani-Chérif, lequel en adaptant une pièce du premier, a conçu un spectacle de haute tenue, allant au bout des expériences de la Halqa .
Avec El Machina*, Ziani-Chérif Ayad a rendu un bel hommage à Abdelkader Alloula. Emouvant, sobre et pertinent parce qu'il redonne à la parole son statut, à la liberté ses mots et à nos blessures, leur dignité. « Les dires » pour se dire, pour dire ce qu'a été notre vie, et prier le goual de porter haut notre voix mais sans honte et sans haine. Alloula savait, en transposant le goual sur une scène, qu'il réveillait là plus qu'un personnage, une institution, mais aussi une forme théâtrale à part entière. Une part de liberté enfouie jusque-là dans la mémoire populaire et qui a accompagné ses souffrances mais surtout sa sublime résistance. Entre la légende et la fabulation, le récit vrai et l'invocation des mythes, sur tous les registres et sans le secours des artifices coutumiers du spectacle, « ce corps qui parle » d'Antonin Arthaud mais encore, ce cercle de la parole partagée, apaisante et subversive à la fois. C'était lors d'une tournée dans les Hauts-Plateaux quand le public, spontanément, s'était mis en cercle autour du spectacle… Pour Alloula, cela a été un déclic et une découverte capitale, en rupture totale avec l'ordonnancement aristotélicien jusque-là établi. Même les comédiens, surpris aussi, n'avaient plus alors que le secours de leur corps et, dans le corps du texte, la seule et unique force du verbe. Il y avait chez ces « nouveaux spectateurs », comme les appelait Alloula, la révélation d'une demande et surtout une attente d'un nouveau théâtre. Toute son œuvre va alors basculer dans la recherche de ce théâtre perdu et qui puisait ses racines dans la halqa antique et, plus loin encore, dans l'évolution des arts nomades depuis la révolution du néolithique et peut-être même avant. Dans l'humilité qu'on lui connaît, le dramaturge parlait de perspective et de réflexion ouverte à tous. Avec sa trilogie de Ladjouad (Les généreux), il avait consommé la rupture. L'œuvre est désormais là pour être revisitée et à chaque fois refondée parce qu'au théâtre, comme dans la vie, l'infini et l'insondable, c'est d'abord l'humain. Mais alors comment dire l'insondable aujourd'hui ? Comment exprimer l'actualité de Alloula ? Pour avoir inscrit son œuvre dans une démarche exploratoire, intuitive puis intellectuelle assumée, et donc politique et esthétique, achevée et ouverte à la fois, Alloula a ouvert un champ inédit à la création théâtrale et peut-être à tous les arts de spectacle dans notre pays. En réinterprétant avec El Machina le 3e tableau de Lagoual (Les Dires), intitulé Zenouba, voilà que Ziani-Chérif Ayad nous offre lui aussi, et dans la même démarche exploratoire, une œuvre émouvante, sobre, dense, et sur le mode de la halqa, d'entrée déstabilisante. Le public réduit (exactement 120 spectateurs) est placé sur scène, au même niveau que les comédiens. Dans une promiscuité troublante, les comédiens vous regardent droit dans les yeux. Ils vous parlent et vous les regardez. Il n'y a plus de distance, on le croit, mais elle est là, sur un autre niveau, comme une pure abstraction. C'est la scène comme « un lieu mental et concret » décrite par Samuel Beckett, la scène comme un espace retourné sur lui-même et sur les autres. Les repères de l'identification sont détournés de leur sens commun. Il n'y a pas de dénouement puisque la linéarité est absente, et donc pas plus de catharsis que de purgatoire. Chaque comédien est un personnage mais aussi, son double, voire son contraire. Ce qui le porte c'est le geste, les mots, la voix, le souffle de la colère ou de la rage contre l'injustice, la barbarie. Faire chanter les mots, avec plus de son que de sens, est le propre de la poésie. Le son comme souffle, le son comme corps du mot. Et de là, comme conscience de la vérité des mots. Ni Alloula ni Ziani-Chérif ne s'inscrivent dans les fascinations identitaires. Leur réappropriation de la halqa ne l'est pas en soi. Elle est la sève qui nourrit des artistes engagés dans leur temps et soucieux d'un théâtre moderne. Alloula annonçait des temps sombres. Plus de vingt ans après, dans l'adaptation de Zenouba par Ziani-Chérif, le préambule donne à voir et à rencontrer trois personnages réunis pour le quarantième jour de l'assassinat de Alloula. Les Dires sont la mémoire d'un homme qui a, jusqu'au bout, été entier et novateur dans ses engagements. Le reste est l'histoire de Zenouba, une histoire des années 1980 et qui, chez Ziani, nous raconte les temps sombres de la tyrannie. Zenouba, fille de Bouziane le veilleur, a douze ans et un grand cœur. Mais elle est aussi une grande malade, atteinte d'une maladie rare et incurable. Le cœur justement. Cet organe qui la fait vivre mais qui l'épuise et en fait un être d'une sensibilité rare. Dans le wagon de train (d'où le titre El Machina) qui l'emmène chez son oncle pour des vacances, plus exactement pour une convalescence, Zenouba voit tout dans la vie des gens. A travers son regard, une galerie de personnages se croisent, se parlent et les mots ont le goût de la braise, un condensé de vies éclatées que la guerre a jeté dans ce train. Les mots sont dires dans ces peaux écorchées vives qui ont en commun d'avoir fui la terreur et la barbarie et, pour certains, d'avoir fini par les affronter. La femme répudiée, le berger menacé, le jeune soldat de retour de permission, l'affairiste sans scrupules, la jeune fille qui a quitté l'école pour fuir un maître intégriste… Des trajectoires, des trajets chahutés, la trame d'un drame après tout annoncé, la tragédie pleine et entière, totale, totalitaire, incommensurable. Et Zenouba, dans ce wagon de la détresse absolue, de l'infini de l'âme humaine, nous raconte une histoire bien ancienne et toujours renouvelée, terrible et merveilleuse : celle de l'abîme, du chaos et de la conquête du courage. Mais aussi, et surtout, une histoire d'amour et de pardon librement consentis.

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