La wilaya de Boumerdès recèle de très importantes potentialités touristiques. Son littoral, long d'une centaine de kilomètres, s'étend de Boudouaou El Bahri, à l'ouest, jusqu'à Afir, à l'est. Il est à lui seul un atout majeur. Avec 18 plages autorisées à la baignade, le département peut attirer un nombre non négligeable de touristes. Pour peu que ces potentialités soient mises en valeur. Les plages de Boumerdès sont couvertes de sable fin pour certaines et de galets ou graviers pour d'autres. Elles sont, dans certains cas, délimitées par des prolongements rocheux qui plongent dans la mer donnant un charme supplémentaire à la côte comme c'est le cas à Figuier, à Rocher noir, à Cap Djinet et ailleurs. Le talon d'Achille du tourisme de la wilaya de Boumerdès demeure incontestablement le manque d'infrastructures d'accueil comme les hôtels et les campings. La dizaine d'établissements hôteliers dont elle dispose ne répond qu'à une partie infime de la demande, surtout que la région enregistre pendant la saison estivale un flux très important. Les vestiges historiques, datant des temps anciens et qui se trouvent surtout dans la partie est de la wilaya, offrent un autre atout pour ce département dans le domaine du tourisme. La vieille ville de Dellys (La Casbah) est indéniablement l'un des sites historiques les plus intéressants. Elle vient d'ailleurs d'être classée au registre du patrimoine culturel mondial de l'Unesco. Cette cité a été, tour à tour, berbère, punique, romaine, arabe, turque… D'autres vestiges ont été découverts dans d'autres coins de la wilaya et témoignent du passage de ces nations qui ont marqué de leur empreinte les civilisations du Bassin méditerranéen. Des mosaïques et de la vannerie romaine ont, en effet, été découvertes à Dellys, Si Mustapha, Thénia, Zemmouri. A côté de ces trésors, il y a d'autres zones à explorer, des zones potentiellement historiques, comme Thénia, Zemmouri, Taourga et Cap Djinet. L'artisanat est un autre élément qui peut être mis à profit pour développer le tourisme dans la wilaya. Le tissage, la poterie, la céramique, la broderie et la vannerie se rencontrent dans la quasi-totalité des villages. Afin de promouvoir ce secteur, les autorités ont pensé à lancer 10 zones d'expansion touristique à travers tout le littoral de Boumerdès. Ces zones se trouvent à Boudouaou El Bahri (419 ha), Corso (173 ha), Boumerdès (175 ha), Thénia (194 ha), Zemmouri Ouest (406 ha), Zemmouri Est (1862 ha), Cap Djinet (463 ha), Sidi Daoud (520 ha), Dellys (162 ha) et Afir (137 ha). Cependant, ces zones n'ont pas toutes enregistré des demandes d'investissement. Pour celle de Boudouaou El Bahri, par exemple, aucun investisseur ne s'est, à ce jour, manifesté. En revanche, celle de Figuier a déjà enregistré 6 projets d'investissement pour une capacité globale de 650 lits, pouvant créer près de 100 postes d'emploi. La plus importante zone est celle de Zemmouri Ouest où le groupe saoudien Sidar va implanter un établissement touristique de 2600 lits et créer quelque 150 emplois directs. D'autres projets sont inscrits à Cap Djinet (2), Sebaou (2), Takdempt (3), mais la situation de ces ZET n'est pas encore assainie puisque 6 d'entre elles sont cadastrées et pour une seule, une véritable étude a été lancée. Celle des Salines est au centre d'un conflit aux contours d'un trafic de foncier. La direction du tourisme de Boumerdès, pour valoriser les zones intérieures, a demandé l'inscription d'autres ZET dans les zones montagneuses comme Laâzib (Naciria), Keddara, Legata et Larbatache. Il y a aussi l'idée de réaliser un centre de loisirs qui a germé dans la wilaya, et le projet semble retenu. Cependant, la dégradation de la situation sécuritaire, le pillage du sable des oueds et des plages et la pollution sont trois facteurs bloquant toute initiative. Le terrorisme a non seulement bloqué les projets lancés au début des années 1990, mais il continue à empêcher de mettre en place une vraie politique du tourisme. Le wali de Boumerdès, en répondant aux préoccupations des élus de l'APW lors de la dernière session de l'assemblée, a confié que l'administration a transmis 17 dossiers d'investissement au ministère et que l'on n'attend que le feu vert pour lancer les travaux. Surtout que le département, en plus des potentialités naturelles historiques et culturelles, aura un réseau ferroviaire électrifié qui ira de Boudouaou à Thénia, plus un prolongement classique du rail en direction de Bouira et Tizi Ouzou. Il y a aussi les ports de Dellys, Zemmouri et Cap Djinet ainsi que l'autoroute Est-Ouest et les deux rocades qui traversent le territoire de la wilaya. Lors d'une rencontre tenue, il y a quelques jours au club de presse de Boumerdès, à l'initiative de la section locale du SNJ, des acteurs du secteur du tourisme et des responsables locaux ont parlé de leurs projets et des difficultés qu'ils rencontrent. En effet, le P/APC de Boudouaou El Bahri, une commune côtière à l'extrême ouest de la wilaya, M. Louriachi, le vice-président de l'APC de Boumerdès, Chaouki Allal, MM. Zamoum et Makhloufi de Cosider, M. Bendaoud, président de l'Association écologique de Boumerdès (AEB) et le président de la commission du tourisme de l'APW, M. Dekar, ont parlé, chacun en ce qui le concerne, du tourisme dans la wilaya. Le P/APC de Boudouaou El Bahri, une commune qui accueille une importante zone d'expansion touristique, a regretté que l'investissement dans ce secteur soit totalement géré par des instances centrales. Les APC ne sont pas associées à la prise de décision concernant l'investissement dans le domaine du tourisme. « Nous avons une ZET qui devra être lancée prochainement. On vient de transférer la propriété du terrain du ministère de l'Agriculture à celui du Tourisme. Il va y avoir un investissement de l'ordre de 3 milliards de dollars par un groupe mixte composé d'investisseurs tunisiens, américains et algériens. Cela va certainement permettre à la commune d'améliorer sa situation économique et sociale », a dit M. Louriachi. L'adjoint au maire de Boumerdès dira, lui aussi, que l'assemblée communale n'est pas partie prenante dans ce dossier (investissement dans le tourisme), mais il parlera cependant d'un projet d'un complexe que réalisera l'EPLF du côté du front de mer. Le président de la commission du tourisme de l'APW a souligné que « 90 des terres du littoral de Boumerdès appartiennent aux Domaines » et que « le principal problème dans le développement du secteur du tourisme demeure le litige qui oppose l'ANDT au ministère de l'Agriculture pour le transfert des assiettes ». Mais « un dossier a été constitué par l'APW dans le sens à éliminer ces obstacles », a-t-il conclu. Les représentants de Cosider ont présenté un nouveau projet d'un complexe à côté de la cité des 60 Logements de Boumerdès. « Le dossier technique est finalisé, les études sont faites et il ne reste qu'à engager les travaux. » Les autorités locales nous ont aidés dans notre entreprise. Pour ce qui des perspectives dans l'immédiat, le représentant de l'APC de Boumerdès a dit qu'« une étude est en train d'être menée pour voir si le terrain au bord de la mer en contrebas de la cité des 800 Logements est constructible afin d'y réaliser un autre complexe ». Le débat devait inévitablement toucher à l'écologie, et c'est là que M. Bendaoud intervient pour fustiger les responsables locaux qui, selon lui, se soucient peu ou pas de l'environnement. « La notion du tourisme durable est synonyme d'un équilibre entre l'écologie, les constructions et l'exploitation. Mais allez voir les dégâts que provoquent le pillage de sable et les rejets des eaux usées au bord de la mer. Partout des amas d'ordures sur le littoral. Il faut réagir vite », a-t-il souligné entre autres.