Dans un rapport présenté par la commission d'agriculture et d'hydraulique de l' APW de Ouargla lors de sa session tenue du 10 au 21 avril, la sonnette d'alarme a été tirée au sujet de la situation du secteur agricole dans la wilaya. Il s'agit du second diagnostic en un seul mandat, à relever des obstacles bureaucratiques et procéduraux et à proposer 33 actions pratiques qui ont bénéficié du soutien du chef de l'exécutif. La wilaya de Ouargla compte une superficie agricole de 4 877 393 ha dont seulement 31162 sont actuellement exploités. Les différents programmes de développement agricole lancés depuis l'indépendance ont certes permis l'émergence d'un « secteur agricole », et doublé le nombre de palmiers dattiers de la wilaya, mais il existe des insuffisances telles qu'il est difficile de conclure à l'existence d'un secteur agricole répondant à une stratégie étudiée. La production agricole de la wilaya de Ouargla ne permet en effet, ni l'autosuffisance, ni l'exploitation optimale de cultures stratégiques à grande valeur ajoutée, telle que la phœniciculture ou les primeurs et encore moins aux agriculteurs de vivre décemment de leurs produits. Les indices favorables sont l'accroissement du patrimoine phœnicicole qui occupe 73% de la surface agricole utilisée, passant de 1 888 000 palmiers en 2000 à 2 338 600 pieds à la fin 2006.La production de dattes marque une évolution relative variant entre 842 629 q en 2000 et 823 777 q en 2006, où l'écart de production est dû à la canicule. La production céréalière a chuté, quant à elle, de 5150 q en 2000 à 630 q en 2006, à cause de l'abandon massif des cultures sous pivot. Les autres productions observent une amélioration progressive durant les cinq dernières années, notamment les légumes, les cultures sous serre et les condiments, mais les quantités restent dérisoires par rapport aux potentialités de la wilaya, à ses aspirations et ses besoins quasiment satisfaits par l'apport d'autres wilayas. Blocage Passons aux indices défavorables qui constituent le gros du rapport de l'APW, et en premier lieu l'abandon des terres et le manque d'investissements consistants et orientés, en plus d'un problème socioculturel (jeunes chômeurs non motivés par l'agriculture, vieillissement de l'effectif, résistance à la modernisation), qui fait que malgré les enveloppes colossales injectées par l'Etat, l'impact reste minime. Selon le rapport de l'APW, le programme d'accession à la propriété foncière agricole a permis l'attribution de quelque 40 971 ha au profit de 8 327 bénéficiaires. Seul le quart de cette superficie, soit à peine 18,73% est actuellement exploité. Le reste est voué à l'abandon et l'administration reste impuissante devant les hectares à recouvrer, aggravant le contentieux entre terres attribuées non exploitées et non récupérées, et les terres exploitées dont les cultivateurs n'ont pas encore bénéficié d'actes de propriété. Pour ce qui est du programme de mise en valeur agricole, les communes de Hassi Ben Abdallah et d'El Hadjira sont celles qui comptent le plus d'hectares entretenus avec respectivement 1747 et 1196 ha, au moment où les zones de terroir telles que Aïn Beïda, Ouargla et Touggourt restent bien en deçà. La commission de l'APW a indiqué d'autre part que 56% des terres distribuées depuis 1985 ont fait l'objet d'annulation « sur papier » par l'administration durant les quatre dernières années. Pour les élus, les principaux points défavorables à la relance du secteur agricole dans la wilaya, sont l'éloignement des terres, la lourdeur des charges énergétiques et la mauvaise sélection des bénéficiaires de terres agricoles, notamment pour les projets réalisés au titre de la mise en valeur par la concession, qui englobent 3081 ha pour 932 bénéficiaires. Le rapport révèle également que la majorité des habitants de la région sont d'origine paysanne, et pratiquent l'agriculture même s'ils ont d'autres occupations professionnelles, et que sur les vingt-quatre projets de mise en valeur des terres par la concession agricole, cinq ont été abandonnés à Garat Chouf et Gara Hamra, et deux autres n'ont jamais vu le jour pour non-achèvement des travaux d'aménagement à Hassi Ben Abdallah et Kh'chem Rih. On recense par ailleurs, 143 puits agricoles non utilisés sur les 893 que compte la wilaya. Le détail est édifiant : 56 puits attendent d'être électrifiés, 46 ne sont pas équipés et 31 carrément abandonnés. La feuille de route de l'APW Trente-trois points à même de relancer l'agriculture dans la wilaya constituent la feuille de route de l'APW dont la réactivation du plan directeur du secteur et l'adoption de plans de développement à moyen terme, la réhabilitation de la phœniciculture, la réactivation des commissions techniques de daïra, l'ouverture de périmètres de mise en valeur de plus de 10 ha, et de petites mises en valeur pour les fonctionnaires et l'intensification de l'ouverture de pistes agricoles. Dans le volet procédural, l'atelier a proposé l'activation et la facilitation de la procédure d'octroi des décisions d'attribution, la récupération des terres abandonnées, l'intensification de la vulgarisation agricole et l'organisation de marchés de la datte et salons thématiques. Cette feuille de route a reçu l'approbation de l'exécutif, allant jusqu'à soutenir les sollicitations officielles adressées aux différents départements ministériels pour adapter la nomenclature des activités soutenues par l'Etat aux spécificités de la wilaya, et la révision des tarifs d'électricité comme mesure incitative à l'investissement dans le secteur agricole. Reste à souligner qu'à aucun moment la culture de l'assistanat, le rejet de l'assurance et la prise en charge de la situation de l'ancienne palmeraie rongée par la maladie et l'abandon, n'ont été évoqués par les uns ou les autres, car faut-il le remarquer, à l'instar de tous les secteurs de la wilaya de Ouargla, c'est surtout le manque d'imagination et d'initiatives qui font défaut.