La session de l'Assemblée populaire de la wilaya aura à se pencher sur le dossier du patrimoine forestier de la région. Le rapport de la commission est fin prêt. Après avoir effectué une série de sorties sur le terrain en compagnie des services de la Conservation des forêts, la commission de l'agriculture de l'APW de Djelfa présentera samedi prochain son rapport sur le patrimoine forestier dans cette wilaya, et ce, au cours de la session de l'Assemblée populaire de wilaya consacrée à ce sujet. Les membres de l'APW de Djelfa, à leur tête son président M. Salem Benyattou, comptent tirer la sonnette d'alarme pour attirer l'attention sur la dégradation qui continue de menacer les forêts sur le territoire de Djelfa, qui, notons-le, sont estimées à 223 983 ha, soit 7% de la superficie de la wilaya. Près de 152 750 ha de ces forêts sont naturelles, alors que 71 233 ha sont le fait d'importantes campagnes de reboisement, notamment dans le cadre du fameux projet du “Barrage vert”, entamé en 1971, mais qui n'a réussi que dans quelques localités, comme celle de Bahrara. Par ailleurs, le reboisement a failli dans les étendues de pâturage. C'est le cas de Taâdmit, Zaccar et El-Idrissia, qui ont bénéficié, le 29 mars passé, d'une grande campagne de reboisement. Les forêts de Djelfa qui s'étendent sur plusieurs daïras, à savoir, Charef, El-Idrissia, Aïn El-Bel, Dar Chioukh et Hassi Bahbah constituent une véritable ceinture qui protège les régions nord de la désertification. Par comparaison avec les autres wilayas steppiques, Djelfa est la seule à posséder un aussi important patrimoine forestier, riche et varié, mais qui fait face à plusieurs facteurs de dégradation, à commencer par le facteur naturel lié à la pluviométrie. La sécheresse qu'a connue la région a causé la disparition de plusieurs espèces, suite à la prolifération d'insectes nuisibles aux arbres. Certains spécialistes ont estimé que près de 20 à 30% des arbres ont été infectés par ces insectes, selon le rapport de la commission de l'APW. Ce même rapport a mis l'index sur les comportements irresponsables de l'homme. Une vraie “mafia du bois” ronge le patrimoine forestier de Djelfa, selon ce rapport qui note que près de 2 millions d'arbres ont été décimés durant la dernière décennies. Le rapport évoque aussi le campement des nomades qui porte, souvent, atteinte à l'environnement, sans oublier les incendies dus à la situation sécuritaire. À noter que les forêts de la wilaya de Djelfa sont gérées par 94 fonctionnaires, répartis sur cinq grandes zones, à savoir El-Idrissia, Aïn El-Bel, Dar Chioukh, Aïn Ouessera et Djelfa. Par ailleurs, 28 maisons forestières, dans un état très dégradé et non occupées, existent dans les différents endroits de forêts, ce qui fait que la surveillance des forêts est assurée à distance, donc inefficace. C'est ce que fait remarquer le rapport de l'APW qui a insisté, dans ses recommandations, sur la restauration des maisons forestières ainsi que l'équipement des gardes forestiers d'armes, de véhicules et de moyens de transmission… L'APW a aussi exhorté les établissements scolaires et universitaires et autres secteurs à mener de grandes campagnes de reboisement, ainsi que la création de postes d'emploi dans le cadre du social, pour ceux qui résident à proximité des forêts, afin qu'ils en assurent la surveillance ainsi que d'autres petits travaux (débroussaillement, soins, etc.) Pour sa part, le conservateur des forêts de la wilaya de Djelfa, M. Mohamed T'zioui qui, notons-le, vient de s'installer dans cette wilaya compte exposer son propre constat sur l'état des lieux. Il préconise, entre autres, les grandes lignes d'un plan de sauvegarde du patrimoine forestier de la wilaya de Djelfa. L. G.