Le metteur en scène Hassan Assous est actuellement directeur du Théâtre régional de Sidi Bel Abbès. Il vient de présenter au TNA La poudre d'intelligence, œuvre de Kateb Yacine, adaptée par Youcef Mila. Scénographie de Abderrahmane Zaâboubi, chorégraphie de Slimane Habess, sur une musique exécutée par Omar Assou, La Poudre d'intelligence a encore séduit avec une équipe de douze comédiens qui se sont donnés à fond sur les tréteaux. Assous nous parle dans cet entretien du spectacle qu'il a mis en scène. Dans le spectacle, l'héritage critique d'une farce contestataire, centrée autour de Djeha, héros de contes facétieux, n'est plus de mise. Pourquoi ? La Poudre d'intelligence est un spectacle écrit par Kateb Yacine dans les années 50. Comment transmettre ce texte du patrimoine universel au public d'aujourd'hui ? Cette question s'est posée pour mois quand j'ai abordé le travail d'adaptation avec Youcef Mila. Je dirai que pour que les textes universels soient utiles à notre époque, il faut une refondation de la mise en scène et du jeu des acteurs. Le texte théâtral ne prend sa valeur que quant il est mis en scène. En fait, le théâtre se fait au présent. Que voulez-vous dire par refondation… Si on aborde un texte et on le laisse comme il est, ce n'est pas vraiment intéressant. Il faut revisiter les textes légués par les auteurs, il faut les dépoussiérer. J'ai déjà monté le texte écrit par Kateb Yacine en 1989, c'était en quelque sorte un challenge de le revisiter 17 ans après. Cette fois-ci, j‘ai abordé le texte avec beaucoup de liberté mais sans le dénaturer. Je crois qu'on est resté dans l'histoire sans altérer le propos de l'auteur. Dans la première partie du spectacle, l'assistance a eu droit à un véritable feu d'artifice visuel…. C'est le théâtre fête. Un spectacle total où tous les sens du spectateur sont en éveil, constamment sollicités. Le Théâtre –fête, El ihtifalia en arabe dialectal, a pour objectif de divertir et de transmette des émotions. Finalement, si on ne donne pas du plaisir aux spectateurs, on ne les pousse pas à réfléchir. Zaâboubi, avec qui j'ai travaillé en 1992 dans Le Sourire blessé, a vu juste, à mon avis, en aboutissant à une scénographie qui s'est transformée en personnage. Slimane Habes a, quant à lui, intégré dans la chorégraphie cette culture urbaine, avec ses propres codes qu'on retrouve chez les jeunes d'aujourd'hui.