Chaude, très chaude sera la compétition aux dix prix qui seront décernés lors de la clôture du festival. Le Festival national du théâtre professionnel (Fntp) bat son plein. Alger est en fête, depuis le 24 mai dernier. Le Théâtre national algérien (TNA), Mahieddine Bachtarzi, qui abrite cette manifestation, brille de mille feux. Le bonheur du public, amateur du quatrième art, atteint son paroxysme. Chaque soir, il a droit à une pièce de théâtre, qui est présentée en compétition. D'autres spectacles sont produits quotidiennement, que ce soit au Palais de la culture Moufdi-Zakaria à Alger, ou à la salle Mohamed Touri, à Blida. Chaude, très chaude sera la compétition aux dix prix qui seront décernés à la clôture du festival, qui aura lieu le 5 juin prochain. Les neuf oeuvres en lice sont produites par les sept théâtres régionaux. Chacun essaie de donner ce qu'il a de meilleur. D'autant plus que l'expérience a été faite l'année dernière, lors de la première édition du festival. Plusieurs avaient alors juré de revenir avec une création qui raflera le premier prix. Néanmoins, dans cette histoire, il faut dire que seule la qualité compte. Le jury, composé de neuf membres, présidé par l'écrivain Waciny Laredj, se montre intransigeant. Comparativement aux pièces présentées lors de la précédente édition, celles inscrites en compétition cette année sont de meilleure qualité. De l'avis du public qui a vu les pièces représentées depuis l'ouverture du festival, il y a bien lieu de se montrer optimiste quant à la qualité certaine de ces oeuvres. En ce sens, il faut dire que personne ne pourra oublier la pièce En attendant Godot, traduite vers l'arabe par Paul Chaoul, d'après l'oeuvre de Samuel Beckett portant le même titre, et mise en scène par Azzedine Aber. La pièce a été présentée conjointement par la troupe El Malga de Tindouf et celle du théâtre régional de Sidi Bel Abbès. Plusieurs estiment que la pièce a contribué à nous démontrer que l'Algérie recèle des capacités inestimables. On peut bien affirmer que ceux qui croient que la pratique du théâtre est réservée uniquement aux «gens du Nord» se trompent. La troupe de Tindouf a fait preuve d'une grande maturité. Que ce soit par les jeux des comédiens, ou la scénographie, signée Hamza Jaballah, la pièce est d'une qualité remarquable. En dépit du fait que cette oeuvre, écrite par l'Irlandais Samuel Beckett en 1948, appartient au théâtre de l'absurde, il n'en demeure pas moins que le public a pu faire preuve d'un goût certain pour ce genre d'oeuvre. D'autres pièces inscrites seront également présentées. Nous citerons, La Maison de Bernarda Alba de Ahmed Khodi, d'après la pièce de Federico Garcia Lorca, La poudre d'intelligence du Théâtre régional de Sidi Bel Abbès. Adaptée et mise en scène par Noureddine Assous, d'après un texte de Kateb Yacine, cette oeuvre est pressentie, par les critiques, pour le premier prix. De cette pièce, on ne retient pas seulement les jeux des comédiens qui sont, par ailleurs, très bien exécutés, mais aussi de la scénographie, ingénieusement élaborée par Abderrahmane Zaâboubi. D'autres pièces arriveront encore, comme Les Epines de la paix, Le Procès de Joha, Aissa Tsounami, Un jour de notre époque... Les ênfants ne sont pas reste dans ce festival, puisqu'ils auront l'occasion d'assister à la représentation d'une pièce de théâtre, Al Mouharidj (Le clown). Ce spectacle, monté par Ahmed Khodi, sera représenté demain devant l'imposante bâtisse du Théâtre national algérien, et ce, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de l'enfance qui coïncide avec le 1er juin de chaque année. A ce propos, le TNA a concocté, pour la circonstance, tout un programme qui ne fera que le bonheur des enfants, même pour une journée. Par ailleurs, les invités de l'Algérie, venus des différents pays arabes, sont déjà à pied d'oeuvre pour montrer leur savoir-faire. De toutes les pièces que le public algérien a eu à voir, le spectacle La Porte de Fatma, présenté par le comédien et metteur en scène et non moins ancien directeur du théâtre de Beyrouth, le Libanais Roger Assaf, est le plus marquant. La pièce qui a subjugué le public revient sur l'invasion israélienne du Liban. Des scènes tragi-comiques autour de ce conflit, sont exposées au public venu en force. Interrogé par L'Expression sur la situation du théâtre au Liban après la guerre, Roger Assaf a souligné que «le théâtre libanais va bien. Ce qui infeste le climat et le rend plus invivable que jamais, ce sont les luttes intestines, le clientélisme politique ainsi que les conflits confessionnels où est plongé le pays, qui font peur. C'est là le danger qui guette le Liban. On n'a jamais eu peur de la guerre, mais la plus grande appréhension provient de ces groupes qui se soumettent à l'ingérence étrangère du Liban». Nonobstant ce fait, la vie reprend petit à petit au Liban, tandis qu'au TNA, c'est la fête du théâtre qui se poursuit jusqu'au 5 juin. Allons-y donc pour passer quelques moments de pur plaisir. On se retrouve là-bas.