L'écrivain et poète tunisien Abdelawahab Meddeb a animé hier à Alger une conférence au cours de laquelle il a expliqué dans quel esprit il a écrit son livre Contre-Prêches. Il s'agit d'un ensemble de chroniques que l'auteur a animées à la Chaîne Radio Médi I, mais retravaillées. Dans son intervention, Abdelwahab Meddeb relève : « Nous sommes dans une phase où nous devons affronter les questions de l'heure. » Cela dit, dans tout ce que « j'écris, il y a de la poétique. C'est elle qui me porte de par cette façon de voir les choses ». Il indique que les Maghrébins sont formés dans plusieurs langues et cultures et ont vécu dans moult territoires. Ainsi, ils vivent « une dualité », « nous sommes divisés ». Une situation de « non-lieu », parce que « nous vivons dans plusieurs lieux ». Mais est-ce une fatalité ou une espèce de devoir d'imprécation quant à vivre une telle situation, laquelle fait du Maghrébin lui-même un champ de bataille ? Pour le même intervenant, une telle expérience constitue « une chance pour voir le monde présent et aborder le futur ». Il s'agit d'un « don de l'histoire ». Sachant que « le rapport avec l'altérité est nécessaire pour connaître l'autre et revenir à soi ». Dans cet esprit, il indique que « les littératures nationales disparaîtront ». Comme il plaide pour le « désenclavement de la référence islamique et la nécessité de la féconder et de la fertiliser ». Hafiz ne dit-il pas : « C'est grâce au Coran que je suis devenu poète », rappelle Abdelwahab Meddeb. Et de poursuivre : « Ceux avec qui nous partageons nos origines veulent créer une identité exclusiviste. Ce qui nous conduira au mortifère. » Or, il faut « se construire dans la traversée et non dans la frilosité et l'exclusivisme ». L'Occident et l'Orient ne s'« excluent » pas. Ils donnent plusieurs penseurs, écrivains et poètes en ce sens. Entre autres, Gorthe dont une partie de son œuvre s'inspire de l'Orient. L'approche de Abdelwahab Meddeb sur le monde est empreinte d'esthétique. Cependant, on se demande, à l'entendre, pourquoi le Maghrébin se retrouve contraint à vivre cette « dualité » en lui-même quand il baigne dans d'autres cultures ? Pourquoi le Maghrébin est-il obligé de faire un détour vers l'Autre pour se découvrir et se connaître ? Ainsi, peut-on demeurer soi-même tout en étant universel ?