Devant une salle pleine comme un œuf, Belkhadem, venu en retard d'une heure et demie, a rappelé ce qu'il n'a cessé de dire depuis le début de la campagne de persuasion pour le scrutin législatif du 17 mai 2007, à savoir que le FLN est derrière le retour à la stabilité au pays et l'engagement de projet de développement. Belkhadem évite soigneusement de parler de l'Alliance présidentielle, composée du FLN, du RND et du MSP qui, en théorie, applique le programme du président de la République visant les mêmes objectifs. Le programme de Abdelaziz Bouteflika se confond-il désormais avec celui du FLN ? Ou le FLN s'approprie-t-il ce programme en abandonnant en bordure de route ses deux autres alliés ? Le fait curieux dans la salle des sports de Djelfa est l'utilisation manifeste de trois posters géants du président de la République. Saïd Bouchaïr, président de la Commission de surveillance des élections législatives, avait, pour rappel, ordonné aux partis de ne pas exploiter l'image du chef de l'Etat dans la campagne électorale, dans un souci d'équilibre. Le FLN a passé outre à cette directive. Faisant l'éloge du « capital expérience » de son parti dans la gestion des affaires de l'Etat, Abdelaziz Belkhadem a déclaré que le FLN travaille actuellement pour « l'édification » du pays grâce au « réservoir de cadres » qu'il possède. « Plus de 155 milliards de dollars ont été dégagés pour les projets de développement », a-t-il insisté, suscitant quelques applaudissements. Cette somme est celle dégagée par l'Etat pour le soutien à la croissance économique et permet de financer des projets tels que celui de l'autoroute Est-Ouest. Dans le discours, il y a comme l'impression que Belkhadem a du mal à se départir de sa fonction de chef du gouvernement. D'où un risque évident de confusion entre l'argent de l'Etat et celui du FLN. Belkhadem a rappelé que son parti a, depuis le début des années 1990, œuvré pour « la réconciliation nationale ». Le FLN, du temps de Abdelhamid Mehri, avait signé, en 1995, le Pacte national à Rome qui a appelé à cette réconciliation. Projet vite abandonné avec l'arrivée de Boualem Benhamouda à la tête du FLN après le célèbre « coup d'Etat scientifique » de 1996 fomenté par le groupe de Abdelkader Hadjar, actuel ambassadeur d'Algérie au Caire. Benhamouda avait rompu avec tous les projets de Mehri. Mais, selon Abdelaziz Belkhadem, le parti était resté attaché à l'idée de réconciliation, « concrétisée avec l'arrivée du cavalier Bouteflika à la présidence de la République ». D'après lui, les auteurs du double attentat à l'explosif du 11 avril 2007 à Alger visaient la déstabilisation du pays. Il n'a pas fourni d'autres détails. « La tenue des élections dans les délais légaux est la preuve que le pays a retrouvé sa stabilité et qu'il poursuit l'édification de ses institutions », a-t-il martelé. A Djelfa, ville d'où est parti le fameux mouvement de « redressement » en 2003 qui a écarté Ali Benflis de la direction du FLN mais également du gouvernement, Belkhadem a, encore une fois, défendu ses listes de candidatures pour la députation. Abdelkader Bencherif, frère de l'ex-colonel de gendarmerie, Ahmed Bencherif, dirige la liste à Djelfa où il y a eu aussi des contestations. Au meeting d'hier, ont assisté les représentants des zaouïas Kadiria et Tidjania, fort représentées dans la région, à leur tête Si Amer Mahfoudi. Pour ne pas faillir à la coutume, le meeting d'hier a été entamé avec des poèmes déclamés à la gloire des « Abdelaziz » (Bouteflika et Belkhadem). Pour animer la salle, des chants publicitaires, interprétés par cheba Yamina, Mazouni et Abdelkader Chaou, ont été diffusés en boucle. Des chants qui assuraient de « la grande victoire » du FLN le 17 mai. Aujourd'hui, Abdelaziz Belkhadem animera des meeting à Laghouat, M'sila et Bou Saâda.