Le premier responsable du FLN justifie cette nécessité par “les incohérences” de la Constitution actuelle qui ne définit pas rigoureusement la nature du régime politique. Belkhadem suggère aussi la dissolution du Conseil de la nation, qui n'a plus, selon lui, sa raison d'être. Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général du FLN et représentant personnel du président de la république, n'a pas été avare, hier, en déclarations lors de son passage à la radio chaîne III. Sollicité pour expliquer les raisons prévalant à l'installation d'un groupe de réflexion au sein de son parti autour de la révision constitutionnelle, Belkhadem, qui expliquera qu'elle “constitue une des préoccupations du parti”, a néanmoins noté la mise en place de plusieurs autres groupes de travail à l'image de celui destiné à revoir la loi électorale, la loi sur les partis et les codes communal et de wilaya. “En ouvrant ces chantiers, il ne s'agit pas de constituer un gouvernement de l'ombre, c'est une manière pour le parti de se positionner sur un certain nombre de questions d'actualité nationale à travers nos ministres, mais également pour réactiver le groupe parlementaire mais aussi pour motiver nos militants”, a-t-il clarifié. Pourquoi la révision constitutionnelle est-elle une préoccupation pour le FLN ? La Constitution actuelle est pleine d'incohérences “La Constitution de 1996 a été élaborée dans le contexte que tout le monde sait où les partis politiques n'étaient même pas associés à cette révision. Et au fil du temps, des incohérences sont apparues, faisant que nous ne savons pas si nous sommes dans un régime présidentiel, semi-présidentiel ou parlementaire”. Interrogé sur l'opportunité de l'ouverture de ce chantier à ce moment précis, le patron du FLN fera remarquer que “si on avait fait cette proposition, il y a une année de cela, on nous aurait dit également pourquoi maintenant ?” “Mais il faut bien commencer un jour”, note-t-il. Revendiquant l'initiative de la révision de la loi fondamentale, l'intervenant a démenti l'information selon laquelle elle serait l'émanation du chef de l'état : “je n'ai jamais dit qu'elle était sur la table du président de la république !” note-t-il. S'agit-il d'une démarche visant à garantir un troisième mandat au président ? “Chacun donne un sens à cette initiative”, dira le ministre d'état en guise de réponse au journaliste auteur de la question. Plus explicite, il relèvera que “certains disent que c'est une porte ouverte pour permettre au président de briguer un troisième mandat, certains disent que c'est destiné à un régime présidentiel exacerbé et d'autres parlent d'un régime parlementaire”. Mais en tout état de cause “si le président veut réviser la Constitution pour briguer un troisième mandat, il n'a pas besoin du FLN, la Constitution le lui permet !” tente-t-il de convaincre. Toutefois et du point de vue du FLN, note-t-il “beaucoup de choses doivent changer car la Constitution est floue”. “Il faut clarifier les prérogatives du président dans tous les cas de figure, et si nous allons vers un régime semi-présidentiel, il faut également clarifier les attributions du chef du gouvernement, il y a également le pouvoir de contrôle qui n'est pas clair”. L'institution du conseil de la nation (Sénat) est également problématique pour Belkhadem : “Le conseil de la nation a été conçu en 1996 pour parer à une éventuelle accession du mouvement islamiste au pouvoir, mais il n'est normal qu'un quart plus une voix pèsent plus que trois quarts moins une voix du Sénat et toute la Chambre basse”, estime-t-il. Bouteflika n'a pas besoin du FLN pour changer la Constitution Interrogé si la révision constitutionnelle était une façon pour le parti de prendre la chefferie du gouvernement, l'invité de la chaîne III, qui a indiqué que “tous les partis veulent avoir la chefferie du gouvernement y compris l'opposition”, n'a pas manqué de souligner que “nous ne demandons que ce que la Constitution nous donne”. Dans ce même ordre d'idées, Belkhadem, qui tout en reconnaissant en parlant des contre-pouvoirs définis par la Constitution qu'un “pays fort est celui où les lois sont respectées”, a souligné qu'il “faut permettre à l'opposition de participer à l'enrichissement de la vie politique nationale”. S'exprimant dans ce cadre par rapport à la loi sur les partis, l'orateur recommandera “une clarification des critères qui permettent l'existence réelle des partis politiques”. “Il faut voir quel est le degré de l'enracinement d'un parti politique dans la société pour ensuite lui donner l'agrément”, note-t-il. Peut-on éliminer des partis ayant obtenu 1 à 2% des suffrages exprimés ? “Je ne sais pas s'il faut arriver à cela, le débat est en cours”, a-t-il indiqué en prônant, également, la révision de la loi électorale, notamment le mode de scrutin à la proportionnelle qui est actuellement en vigueur. Au chapitre de l'alliance présidentielle, Belkhadem assure que “les divergences ne sont pas aussi profondes qu'on le pense”. Pour étayer ses dires, il soulignera qu'“auparavant, nous divergions sur la réconciliation et maintenant nous sommes d'accord là-dessus et de la même façon que nous divergeons, actuellement, sur la révision constitutionnelle et qu'on sera certainement d'accord par la suite”. à ce propos, le leader du FLN révélera avoir demandé au MSP et au RND d'ouvrir ensemble une multitude de chantiers à l'image de la révision de la loi sur les partis, de la révision de la Constitution, des codes communal et de wilaya sans pour autant recevoir un retour d'écoute. Le mode de scrutin proportionnel n'est pas adéquat Au sujet de la loi électorale, il notera que “la proportionnelle” n'est pas adéquate lors des élections locales et même législatives : “Au plan local, elle ne fait qu'atomiser les assemblées locales”, dit-il. “Il y a, dit-il, des APC où il y a un militant de chaque parti”, explique-t-il tout en se demandant “comment peut-on gérer une commune si on atomise son paysage politique”. Au plan du renouvellement des structures du parti, l'hôte de la radio chaîne III a indiqué que le retard accusé dans cette opération est due à l'engagement du FLN dans la campagne du référendum du 29 septembre dernier pendant un mois et demi. Ce faisant, il annoncera l'arrêt du collège électoral à la fin du mois de novembre prochain et la tenue des assemblées générales électives pour le mois de décembre. Se targuant de regrouper deux cent soixante-quinze mille (275 000) militants au sein du parti, Belkhadem notera que l'opération adhésion a essentiellement intéressé les jeunes et les universitaires. Au chapitre de l'épuration des rangs du parti, il révélera commencer par les cadres dirigeants pour ensuite passer à la base militante. Sur un tout autre sujet, Belkhadem annonce l'adhésion en cours du FLN à l'International socialiste : “la demande de cette adhésion a été faite et des démarches ont été faites auprès des partis amis du FLN”, précise-t-il. Interrogé, par ailleurs, sur les suites à donner à la charte pour la paix et la réconciliation nationale, des contacts avec Haddam et Kébir, l'intervenant, qui dira ignorer la nature juridique qu'elle revêtera (décrets ou projets de loi), divulguera son contact avec d'anciens membres du FIS dissous : “je suis en contact avec Anouar Haddam et Rabah Kébir ainsi qu'avec d'autres personnes”, a-t-il révélé tout en disant ignorer leur volonté de revenir en Algérie ou non. Interrogé par les journalistes sur la place d'un Haddam qui a reconnu être à l'origine de l'attentat de la rue Amirouche en 1995 dans la charte, le patron du FLN a dit en substance : “je ne peux pas m'aventurer sur ses déclarations sur l'attentat de Amirouche et leurs implications judiciaires.” Il indiquera, à ce propos, en réponse à une question relative au jugement des personnes condamnées par contumace que “pour les personnes condamnées par contumace, la charte dit qu'il y a possibilité de les gracier”. Quel est l'intérêt du retour d'un Haddam en Algérie ? “si celui-là rentre, il n'est pas exclu que ceux qui portent les armes reviennent”, dit-il. questionné, également, sur le communiqué rendu public par Haddam faisant état de ses exigences et dans lequel il fait allusion à Ali Belhadj, Belkhadem rétorquera sèchement : “libre à lui de dire ce qu'il veut, mais il n'est pas question de revenir à la case de départ. La charte tourne une page et il n'est pas question au parti dissous de revenir ni à ses éléments.” Au chapitre de l'actualité internationale, Belkhadem souhaite la signature du traité d'amitié algéro-français avant la fin de l'année en cours. S'agissant de la situation des migrants africains clandestins, l'intervenant a estimé que les accusations du Maroc à l'égard de l'Algérie “ne sont pas fondées”. “nous ne voulons pas polémiquer avec nos frères marocains, l'Algérie et le Maroc sont des pays de transit, mais il est regrettable de nous accuser de laxisme surtout venant de voix officielles de nos voisins marocains”, indiquera l'intervenant. à plus forte raison, dit-il, que “nous avons toujours exprimé à nos frères marocains notre disposition à discuter de l'immigration clandestine qui est un véritable drame humain d'autant que l'Algérie est initiatrice du Nepad”. “Cessez de porter la responsabilité sur l'Algérie à chaque fois qu'il y a problème au Sahara occidental ou d'immigrés clandestins”, martèlera Belkhadem qui précisera que “les immigrés rentrent au Maroc par le Sahara occidental, par les Îles canaris et via Casablanca”. il martèlera, également, dans la foulée “nous refusons d'être la police des européens”. NADIA MELLAL