La campagne électorale pour les législatives du 17 mai prochain est à deux vitesses. Des candidats qui accélèrent la cadence de leurs sorties publiques à mesure qu'approche l'échéance limite et des électeurs, visiblement, qui ont l'air absent. La pêche est ouverte et le poisson ne mord pas. Pour secouer les choses, les pêcheurs de voix ont choisi d'être agressifs pour attirer l'attention des gens. Pour ce faire, il faut une campagne d'affichage tous azimuts : sur les murs, sur les arbres, sur les balcons, sur les véhicules et, faute de matière imperméable et d'utilité aussi, on aurait pu sans aucun doute le faire aussi sur l'eau pour peut-être cibler les gens de la mer. On n'en est pas encore là mais à Béjaïa on n'en est pas très loin et pour cause. Dans toute la pagaille semée par un affichage anarchique, il s'est trouvé un petit parti qui, ayant la vision large, s'est attaqué aux… bancs publics pour coller ses affiches. Nous voilà maintenant invités à nous asseoir sur nos candidats. Dans cette espèce de folie d'affichage, l'environnement urbain de Béjaïa en pâtit grandement comme il est loisible de le constater, par exemple, sur les murs de la maison de la culture exagérément tapissée par des dizaines d'affiches, du bloc administratif …. La pollution graphique qui s'impose traditionnellement à la veille de chaque rendez-vous électoral, nous gardons d'ailleurs à ce jour, sur nos murs, les traces même de vieilles affiches remontant à de lointaines élections, revient cette fois-ci avec une puissance 30. C'est le nombre de listes de candidats en course, soit plus que la convoitée circonscription électorale d'Alger. On n'a peut-être jamais été aussi nombreux à prendre place dans les starting-blocks électoraux pour la course vers les 11 sièges qui reviennent à la wilaya au sein de l'APN. Chacune de ces listes a décidé, comme par consensus, de fouler au pied les dispositions de la loi organique relative au régime électoral qui prévoit des surfaces publiques réservées à la publication des listes électorales. Du côté des autorités, on semble également ne pas éprouver le besoin de rappeler à l'ordre les uns et les autres. La CWISEL, elle, « sensibilise » et c'est tout. Les tableaux d'affichage officiels n'assouvissent plus l'appétit dévorant des candidats dont les listes débordent sur tout l'environnement choisi comme support d'amochage, au risque d'inciter les écolos, et peut-être pas seulement eux, à ne pas voter le 17 mai.