« Quatre mois sans salaires, c'est pénible à vivre. Après la dure rentrée des classes et le Ramadhan, c'est l'Aïd qui approche... Est-ce qu'on pense un peu à nous ? », se plaint Salahdine. « Ce qui me révolte, c'est le silence des autorités », regrette encore Mustapha. La BADR, qui s'appuie sur une décision de justice, a bloqué les avoirs de cette société publique et refuse de débloquer les salaires. A l'origine, un vieux litige judiciaire qui oppose, depuis 1991, cette entreprise publique à un certain Abdelmoula. « Pourquoi cette grève ? C'est pour mettre en exergue l'incompréhensible décision de justice et dénoncer le grave précédent de la BADR qui trahit son client », soutient le chargé de communication de l'entreprise. Pourtant, depuis le début du litige, beaucoup de personnalités politiques ont eu vent de l'affaire, dont la plus récente n'est autre que l'actuel chef du gouvernement qui a été saisi par Sidi Saïd lors de la dernière bipartite. un litige qui vire au cauchemar M. Ouyahia avait alors promis de se pencher sur ce dossier. « La Sotramo fut condamnée, en 1996, par le tribunal d'Oran, à verser 170 millions de dinars à Abdelmoula qui ne réclamait que 6,7 millions de dinars », relate le chargé de communication. « La cour d'Oran, qui s'est appuyée sur l'incompétence territoriale, ajoute notre interlocuteur, a débouté la Sotramo lors du pourvoi en cassation pour la levée du blocage des avoirs bancaires de l'entreprise. » Plus loin, ce cadre explique que la BADR a agi en « dépit de l'existence des textes interdisant et stipulant, dans l'article 90 du code de procédure civile, que « les rémunérations contenues dans les sommes dues par l'employeur ne peuvent être frappées d'opposition, de saisie, ni être retenues, pour quelque motif que ce soit, au préjudice des travailleurs auxquels elles sont dues. » Ce qui a, d'ailleurs, valu à la Sotramo de pouvoir débloquer les salaires, en juin dernier, après une requête auprès du tribunal, et de bénéficier d'une ordonnance qui a exigé de la banque de libérer les salaires. Mais cela n'a suffi qu'à débloquer le salaire du mois de juillet. Depuis, le problème persiste. « Un procès est alors intenté contre la BADR dont le délibéré est reporté pour dimanche », pouvons-nous lire dans un document qui nous a été remis par le chargé de communication de l'entreprise.