Il est très rare que pareils rendez-vous, particulièrement «dépensiers», interviennent dans la même période. Cette année est particulière: il n'y aura pratiquement aucune chance de survie pour les bourses des ménages. Ce qui va rester des dépenses du Ramadhan sera consommé à la rentrée des classes et l'Aïd achèvera le tout en poussant fatalement à l'endettement. Ainsi donc, deux rendez-vous religieux (Ramadhan et l'Aïd) et l'autre social (la rentrée scolaire) se sont ligués contre la paie du père de famille qui se plaint déjà de la faiblesse de ses revenus. Autant dire qu'il s'agit d'un véritable «trio» qui fait saigner les bourses. Le «drame» c'est que les trois rendez-vous sont incon-tournables. Pis encore, ils vont se répéter au moins dans les six ans à venir. Voilà donc un autre facteur à prendre sérieusement en considération par les pouvoirs publics dans leurs prévisions en termes d'actions sociales. Circonscrite au seul mois de Ramadhan, la solidarité nationale est appelée à s'étendre exceptionnellement au-delà de ce mois si on veut préserver la paix sociale. Car l'accumulation de la frustration qui sera induite par ces six années de dépenses sans retenue, risque d'engendrer une explosion sociale. La prochaine rentrée s'annonce par des «menaces de débrayage jamais observées par le passé». Les syndicats autonomes annoncent déjà la couleur: les syndicats autonomes refusent d'être des «candidats à la mendicité» et promettent une chose: un débrayage national pour la rentrée sociale. Ce mouvement de protestation montrera les dents juste après le mois sacré. Dans sa dernière réunion avec la presse, vendredi dernier, Meziane Meriane, porte-parole de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique (Cnsafp) et premier responsable du Snapest, avait déclaré que «la Cnsafp a pris la décision de renouer avec les actions du terrain juste après le mois de Ramadhan». Selon ce syndicaliste, le débrayage est la seule alternative pour crier haut et fort l'aplatissement du pouvoir d'achat des fonctionnaires. M.Meriane dénonce également le renvoi, pour une énième fois, de la question du régime indemnitaire, la marginalisation des syndicats autonomes et la fermeture des portes du dialogue. Le premier responsable du Snapest a fustigé les autorités qui nient encore l'existence des syndicats autonomes et traitent uniquement avec la Centrale syndicale. «Les autorités refusent d'ouvrir les portes du dialogue aux syndicats autonomes, malgré leur disponibilité et leur engagement pour contribuer à l'amélioration de la situation socioprofessionnelle des fonctionnaires de tous les secteurs», a-t-il souligné. Depuis l'instauration du pluralisme syndical dans notre pays, la Cnsafp n'a, à aucun moment, hésité à proposer des solutions aux différentes crises qui rongent de plus en plus les prolétaires. De leur côté, les autorités n'ont montré aucune volonté d'améliorer la situation des travailleurs. Le silence des autorités sur les 40 jours de grève de la faim suivie par des enseignants contractuels est une preuve vivante, et le retour d'Ahmed Ouyahia à la tête du gouvernement en a donné une autre. Ce retour aux commandes du gouvernement, a fait dissiper tout espoir quant aux augmentations des salaires. Selon les dires des syndicalistes, les pouvoirs publics ont instruit la direction générale de la Fonction publique d'arrêter les mesures relatives aux augmentations supplémentaires des salaires et qui ont été annoncées il y a une année. On dirait que les autorités ne veulent pas de stabilité sociale. Malgré les disponibilités budgétaires, elles ne veulent pas promulguer les statuts particuliers qui traînent encore en longueur, elles préfèrent le marasme! Afin de bien mener les futures actions revendicatives, selon M.Meriane, il est fort probable que l'Intersyndicale de la Fonction publique rejoigne cette action pour constituer un front commun. Les vacances de l'été sont achevées, les congés sont consommés et la rentrée sociale est prévue dans quelques jours. La majorité des chefs de famille, dont les bourses sont chétives, est en quête d'une rallonge financière conséquente. On emprunte pour faire face au triangle des tensions, à savoir le Ramadhan, la rentrée scolaire et l'Aïd. La saignée est garantie.