A Annaba, le marché local de l'or montre une certaine fébrilité avec l'apparition d'un grand nombre de démarcheurs spécialisés dans l'écoulement en gros de l'or. Le principe de la vente sans facture est totalement appliqué, car s'agissant d'une valeur sûre, certes, mais issu du marché informel, à l'exemple des lots importés de France. En injectant une quantité limitée de pièces d'or (genre Louis), à l'effigie de l'Emir Abdelkader au prix de 7000 dinars la pièce de 6,4 gr, le Trésor algérien a vainement tenté d'exercer son pouvoir régulateur. D'autant qu'à cette tentative d'ouverture, consolidée par une ouverture limitée à l'importation de l'or en 2006, ont répondu les gros bras de la finance nationale, titulaires d'autorisation d'importation. Ce sont, généralement, des titulaires de registre de commerce qui n'est utilisé légalement qu'une seule et unique fois, pour l'importation du quota d'ouvrages légalement prévu. A Annaba, ils sont cinq à hanter les bijouteries et leurs abords avec ce fameux cartable dans lequel sont enfouis, bien emballés dans des tissus en velours et pour l'équivalent en or de plus de 2 millions de dinars, les bijoux. Ils ont un jargon codé que seuls les habitués peuvent déchiffrer. Frappée de prohibition, l'introduction de lingots d'or en provenance de l'Italie est un jeu d'enfants pour les animateurs du marché informel. Ceux qui ont des entrées un peu partout dans les institutions de la République en ramènent avec une facilité déconcertante. Ils en parlent même librement pour affirmer que le prix du lingot d'or sur le marché national est fixé à 1,68 million de dinars. « Je pense qu'avec la production de 3 tonnes d'or/an, annoncée pour début 2007, par l'Entreprise nationale de traitement et extraction de l'or, Enor, nous ne serons plus à la merci des trafiquants de l'or », estime un des artisans bijoutiers à Annaba. Le principe du motus et bouche cousue est appliqué dans toute sa rigueur au niveau du service de la garantie. Tout en précisant que le nouveau dispositif réglementant le marché de l'or en Algérie est fin prêt, on se refuse à toute déclaration. Le même refus de communiquer est exprimé par le responsable de la Banque de développement local (BDL). Quelques indiscrétions enregistrées dans cette banque ont confirmé l'application de nouvelles règles de gage. Il est également question de la mise en vente d'un important lot d'ouvrages en or non récupérés par les gageurs. Le marché national de l'or fait actuellement l'objet d'un réel intérêt des animateurs de la contrefaçon des bijoux. Friands pour tout ce qui porte « griffe », les Algériens en sont, ces deux dernières années, les victimes. Loin d'être de marque de tel ou tel autre grand orfèvre et créateur en orfèvrerie comme l'indique le dessin Versace et Chanel, les bijoux actuellement commercialisés sont, en fait, de pâles copies. « Les Algériennes préfèrent les bracelets et les créoles qu'elles croient être de création Chanel et Versace. Ce qui est faux. Ces bijoux portent le dessin et non la griffe des vrais créateurs. Ils sont cédés à un prix plus ou moins que le réel », a indiqué un des bijoutiers d'Annaba.