Le marché de l'or à Oran échappe à tout contrôle. Devant l'inanité des responsables de régulation et du contrôle de l'or, «c'est la souveraineté du pays qui est menacée», assènent des bijoutiers et des représentants de l'UGCAA d'Oran. Les commerçants de l'informel ne sont pas ces marchands ambulants qu'on trouve à M'dina J'dida. Ils sont des magnats pleins aux as, constitués en réseaux maffieux. Des bijoutiers oranais déclarent que 80% de l'or qu'on trouve sur les étals des bijoutiers agréés ou non est issu de l'informel. Les syndicats des bijoutiers parlent de plus de 40%. D'après les responsables de la Fédération Nationale des Bijoutiers (FNB) sous l'aile de l'UGCAA, ils sont plus de 550 personnes qui exercent actuellement, à Oran, dans le commerce informel de l'or. En fait, les responsables du bureau d'Oran de l'UGCAA font allusion à ces marchands qui occupent l'artère principale de M'dina J'dida, dite «Trig Seyaghas» et les ruelles adjacentes. Ces bijoutiers disposent de tablettes aménagées et posées à même le sol. Ces marchands ambulants ne sont que la partie visible de l'iceberg, car le vrai informel est celui des ateliers clandestins qui approvisionnent ces marchands ainsi qu'un bon nombre de bijoutiers agréés par l'Etat. Ces ateliers sont incrustés dans la périphérie de la ville d'Oran. La commune d'Aïn El Türck en est la plaque tournante. Des dizaines d'ateliers clandestins ont pris d'assaut la commune depuis le début des années 90. «Le climat sécuritaire qui régnait alors à Oran et la corruption des pouvoirs publics de l'époque ont encouragé l'installation de ces ateliers qui ont fui les régions de l'Est du pays», expliquent nos interlocuteurs. On apprendra que des mesures sévères ont été prises dernièrement pour lutter contre les ateliers clandestins. Selon d'autres sources, la sortie de contrôleurs de l'or est motivée par la découverte, dernièrement, de deux ateliers illégaux de transformation d'or au niveau de la commune d'Es-Senia. D'autres experts qualifiés et équipés d'outillages de pointe séjourneront pendant plusieurs jours à Oran, où ils auront à contrôler un marché en pleine expansion où l'arnaque et le trafic sont légion. Le non-respect des normes liées au poinçonnage, trafic en matière de pesage sont autant d'arnaques décriées par des citoyens qui saluent la mesure que viennent de prendre les services ayant en charge la régulation d'un créneau livré à des commençants véreux. Mais aussi aux conséquences néfastes pour l'économie nationale. «Les fournisseurs ne sont connus que par leurs similaires, c'est-à-dire leurs pairs ou tout au moins les commerçants de détail» déplore-t-on, La contrefaçon et la contrebande sont deux pénombres décriées par les commerçants affiliés à l'UGCAA. Selon son porte-parole, Hadj Boulenouar, 15 tonnes d'or contrefait, représentant une valeur de 30 milliards de dinars, est la quantité globale des saisies opérées cette année 2009. La majeure partie des produits saisis proviennent de la Turquie, d'Italie et de la Syrie, a indiqué, le porte-parole de l'UGCAA, lors d'une conférence de presse axée, principalement, sur le commerce informel. Selon l'orateur, 40% de l'or en circulation relève de la contrefaçon. D'après des bijoutiers de la place d'Oran, c'est encore plus de 70 voire 80% des bijoux qu'on trouve sur le marché. Approché, le directeur de l'AGENOR, située rue Emile Loubet, dira que «l'or qui provient de plusieurs bijoutiers d'Oran est contrefait. Chaque jour, on reçoit des femmes qui, voulant hypothéquer leurs bijoux à la BDL, ont été surprises de voir que leurs bijoux, les économies de toute une vie, sont en toc. L'AGENOR est une entreprise et non pas une administration pour garantir l'or sur le marché. Elle ne garantie que l'or et les bijoux qui sont achetés dans sa boutique et nullement l'or des….autres bijoutiers. Ce que les citoyennes ne comprennent pas». En effet, des ateliers clandestins ainsi que des réseaux de contrebande des produits aurifères de bas titrage ont proliféré ces dernières années au su et au vu des pouvoirs publics. Ces réseaux mettent en vente des objets douteux au niveau du marché informel sans aucune garantie, ni facture faisant foi du titrage légal (18 carats) ou du poids. Le marché de l'or à Oran échappe à tout contrôle. Le prix du gramme cassé pourrait dépasser les 2000 Dinars Le prix du gramme de l'or cassé a été cédé, hier, à hauteur de 1850 dinars, dans les allées de M'dina J'dida. Les magnats de l'or à Oran justifient cette flambée par l'envolée des prix dans les marchés mondiaux. En effet, l'once d'or est actuellement à plus de 950 dollars, dépassant la barre psychologique des 900 dollars. Pour donner une idée, cela signifie qu'il faut -aujourd'hui payer 22.500 euros- pour disposer d'un lingot de 1 kilo. Cette hausse subite suscite tous les fantasmes. Certains experts pensent que l'once d'or va flirter avec les 1.300 dollars en à peine 8 mois. D'autres rêvent même d'un cours de 2.000 dollars l'once à horizon 2012 ou 2013. Chez-nous, les fantasmes sont encore plus féériques. En effet, avec le gramme de l'or «cassé» dépassant les 2000 dinars, les magnats veulent céder leur or en toc façonné à plus de 3 500 Da. Ce qui signifie un bond substantiel de plus de 40% des prix. Dans ce chaos du marché de l'or, les citoyens devraient acheter leurs bijoux dans les boutiques de l'AGENOR qui sont garanties.