Malgré toutes les réunions, tous les appels à la trêve et les affirmations des responsables des deux mouvements, le Fatah et le Hamas, qui s'entretuent dans les rues de Ghaza depuis vendredi, d'être pour un arrêt immédiat des combats, les affrontements se succèdent à une cadence effrénée, faisant de plus en plus de victimes. Ghaza. De notre correspondant La journée d'hier a été la plus sanglante, avec la mort de 14 Palestiniens, dont 8 éléments de la sécurité nationale. Dans un communiqué paru après cette nouvelle tuerie, le commandement de la sécurité nationale a accusé le Hamas d'en être responsable. Selon le même communiqué, des milices armées du Hamas ont attaqué au mortier et aux mitrailleuses lourdes la 4e brigade du 1er contingent positionnée près du terminal de Karni, à l'est de Ghaza. Une patrouille de la sécurité nationale venue en renfort a essuyé un tir de mortier de la part d'un char israélien positionné non loin de la ligne de démarcation entre Ghaza et le territoire israélien, entraînant le renversement du véhicule militaire et blessant 8 éléments à son bord. Des hommes du Hamas embusqués non loin du lieu ont, selon le communiqué, liquidé tous les blessés avant de prendre possession leurs armes. Le Hamas, par la voix des brigades Ezzeddine Al Qassam, sa branche armée, a démenti être responsable de ce crime. Par ailleurs, en ce jour de commémoration de la catastrophe palestinienne (Nakba) synonyme de la proclamation de l'Etat d'Israël et l'exode forcé des deux tiers de la population palestinienne, le 15 mai 1948, les rues de Ghaza, largement désertées par les citoyens, sont occupées par des hommes armés et masqués. Des barrages entravent la circulation des quelques voitures qui osent s'aventurer. Des tirs sporadiques sont entendus un peu partout dans la ville qui paraît définitivement plongée dans une guerre fratricide qui risque de durer longtemps. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a appelé hier à l'application immédiate du plan de sécurité du gouvernement pour tenter de mettre un terme aux violents affrontements qui opposent les deux factions rivales du Hamas et du Fatah à Ghaza. Pour Abbas, la première des priorités pour les Palestiniens est de restaurer la loi et l'ordre dans la bande de Ghaza. « Nous devons faire cela en appliquant le plan de sécurité, sans réticence ni retard, afin de mettre un terme aux dissensions civiles et chasser le fantôme des violences internes », a dit Abbas. En pratique, la plupart des services sont fidèles au Fatah de Mahmoud Abbas, hormis la puissante Force exécutive créée par le Hamas. « J'ai informé toutes les parties que je ne pouvais tolérer d'être un ministre sans autorité », a-t-il dit lors d'une conférence de presse. En plus de la démission du ministre de l'Intérieur, quatre députés du Fatah ont gelé leur affiliation au CLP en protestation aux heurts interpalestiniens qui secouent la bande de Ghaza. D'autres membres du CLP menacent tout bonnement de démissionner. Toutes ces démissions, en plus des combats quotidiens, laissent planer le doute quant à la survie du gouvernement d'union et même de l'Autorité palestinienne, qui risque de s'effondrer à tout moment.