Les mêmes semaines où la campagne électorale pour les législatives a démontré aux citoyennes et citoyens algériens que le droit de vote n'est qu'un artifice relooké à satiété depuis l'indépendance pour pervertir l'expression de la souveraineté nationale du pays et grâce à la magique télévision, ils ont eu droit à un stimulant spectacle de la présidentielle française. Le refus bloqué des droits à la citoyenneté que le régime de pouvoir politique développe en allergie à une assemblée constituante depuis l'indépendance trouve en 2007 une nouvelle mouture. Acclimatée et « nationalisée » de force, la campagne française et ses résultats illustrent, en effets de miroir, le déficit immense endogène. En même temps, en références diversement intériorisées, ces choses vues sont aussi des graines semées en imaginaire. Il est bon d'y croire pour des capacités inconnues encore de la société algérienne à féconder ses propres ressources de développement de la démocratie, à partir des ses propres ressorts capitalisant celles d'autres nations. Dans la foulée, ces miroirs des temps politiques d'autres nations, il est utile aussi de les examiner d'un plus près ; y compris les travers qui les fabriquent aussi. Dans une dynamique propre à toutes les constructions de démocratie. Ainsi, pour remuer le palpitant feuilleton de l'élection présidentielle française, l'actualité des médias du pays a proposé à réflexion quelques points de discussion. Résumons trois principaux d'entre eux ainsi. D'abord le premier qui a trait à l'attitude du quotidien national de référence Le Monde par rapport au candidat élu Sarkozy, qui a eu les grâces de couverture des médias dominants. Interrogé par chat Internet, son directeur de rédaction avance notamment cette disposition éditoriale : Je crois que dans Le Monde nous privilégions à la fois l'information, la comparaison des différents programmes. Nous avons traité une douzaine de grands dossiers thématiques pour éclairer nos lecteurs sur les propositions des principaux candidats, sur des sujets aussi différents que l'environnement, le logement, la fiscalité, par exemple. « Ce n'est pas le rôle du Monde de donner une consigne de vote. Il n'est pas question de prescrire à nos lecteurs un candidat plutôt qu'un autre. En revanche, nous aurons à coeur d'éclairer pour les lecteurs les dangers que pourrait représenter l'accession au pouvoir de tel ou tel candidat, en particulier Le Pen. Pour le reste, nous ferons l'inventaire des valeurs que nous considérons essentielles dans notre pays et il appartiendra aux lecteurs de juger quel candidat est le mieux à même de défendre ces valeurs » Le responsable de la rédaction du journal exprime d'autres principes fondateurs de la ligne du journal. « Les journalistes sont d'abord des journalistes. Les articles consacrés à la campagne font l'objet de lecture et relecture attentives par le chef de service, puis par la rédaction en chef. Une formulation qui paraîtrait engagée est aussitôt corrigée, voire abandonnée, pour que le lecteur se sente à l'aise face à notre traitement d'un meeting ou de quelque autre événement politique ». Pouvoir des médias aussi, par une autre entrée : leur poids face à l'Exécutif et la justice Le singulier et historique hebdomadaire Le Canard enchaîné est peut-être, juste dans cette période de passation des pouvoirs entre les présidents français au cœur de questions du droit et de la liberté s d'informer. C'est peut-être, mais pas encore, l'affaire des plombiers du Washington Post en 1973, qui a valu son départ au Président américain Nixon traficoteur de règles de droit. Dans une version bien française. La presse du pays rapporte l'évènement : « Deux juges ont perquisitionné vendredi 11 mai le cabinet de l'avocat de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog, et les locaux du Canard enchaîné dans le cadre d'une enquête pour violation du secret de l'instruction dans l'affaire Clearstream. Les journalistes ont refusé de faciliter l'entrée du juge Thomas Cassuto dans les locaux de la rédaction fermés à clé ». "Nous avons dit au juge que cette perquisition était en violation avec la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme", explique le journaliste du Canard enchaîné, Louis-Marie Horeau. Dans un arrêt du 15 octobre 2003, la Cour européenne "juge que des perquisitions ayant pour objet de découvrir la source d'information des journalistes constituent un acte encore plus grave qu'une sommation de divulgation de l'identité de la source".Une dernière nouvelle de ce tempo des présidentielles de France qui ont fasciné de larges franges de la population algérienne : l'évènement – selon l'Institut Médiamétrie - a dopé les audiences du Web. En six mois, les sites consacrés à l'élection ont vu leur nombre de visiteurs progresser de 253 % : ils étaient 1,5 million d'internautes à s'être connectés en octobre 2006 sur des pages évoquant l'échéance ou les candidats ; en mars 2007, ce chiffre a atteint 5,2 millions.