Le sachet noir en plastique a encore de beaux jours devant lui. Il reste indétrônable. Il fait toujours partie de notre décor. Il est accroché aux barbelés des clôtures et aux cimes des arbres, jonchant nos plages et nos forêts, surfant au gré des airs comme un corbeau... Des commerçants de tous poils continuent à nous refiler cet emballage tant décrié. Même certains pharmaciens n'hésitent pas à utiliser ce packaging issu de la chimie de synthèse. Une cliente qui se fait servir dans une officine à El Biar son paquet de médicaments dans un sachet noir. La dame a les yeux révulsés. « Cela ne vous plaît pas madame ?! Pourtant tout le monde s'en accommode », lui lance-t-il toute honte bue. En dépit d'une législation mise sur pied en la matière, peu de producteurs sont conscients de cette pollution à long terme. N'est-ce pas que la durée de vie d'un sac plastique abandonné sur le sol est estimée à 200 ans ? On a beau s'égosiller sur la dangerosité de ce matériau, généreusement « distribué » dans nos souks. On a beau fixer un ultimatum aux producteurs de plastique pour qu'ils s'alignent aux normes de biodégradabilité. On a beau prolonger les délais pour que les fabricants aient le temps nécessaire de se mettre au diapason du développement des bioplastiques et des exigences de l'éco-toxicologie. Les choses ne bougent pas pour autant. On joue sur la palette chromatique, mais rien n'indique que les effets toxiques sont écartés. On change la couleur du sachet, mais l'utilisateur ignore si l'emballage est fabriqué à partir des polymères respectueux de l'environnement et garantissant un haut niveau de biodégradabilité. Rouge, rose, vert, blanc, bleu ciel ou mauve, la couleur est certes moins repoussante, mais le matériau répond-il à des propriétés moins nocives ? A dire vrai, très peu de fabricants de sachets en plastique sont soucieux de la qualité de l'emballage, et très rares sont ceux qui jugent utile d'afficher la traçabilité de leur produit. Oui, à l'heure où sous d'autres cieux, les perspectives des producteurs tablent sur « le tout bioplastique » et « l'éco-conception », chez nous l'on continue à nous fourguer un « label » emballage dont l'unique changement, sommes-nous tenus de dire, réside seulement dans la pigmentation.