C'est peu de choses par rapport au show occidental. La diplomatie et la géopolitique tentent pourtant de réduire l'écart. Mais qui pourra égaler sur ce terrain l'offensive américaine de grande envergure, relayée nuit et jour par la presse mondiale, la radio, la télévision et les mille et une affiches plaquées sur les façades des palaces de la Croisette ? Cannes : De notre envoyé spécial Une déferlante inouïe à effet planétaire. Mais les organisateurs de Cinémas du monde, sous leur immense tente plantée dans le port de Cannes, espèrent un engouement à leurs programmes, pour les Oriental Nights qui débutent ce samedi. Il serait plus exact de mentionner aussi dans les sections officielles la présence de productions d'Extrême-Orient : Corée du Sud, Thaïlande, Japon, comme si Cannes se fixait pour objectif de relancer le fameux dialogue entre Orient et Occident… S'il est question de l'Inde avec de grandes productions de Rituparno Gosh, Mani Ratman, Bhavna Talwar, Rajkumar Hirani, c'est que Bollywood, en termes de production, a encore battu en 2006, tous les records du monde : mille cents productions indiennes en 33 langues et dialectes. Un dynamisme industriel (et aussi culturel) étonnant. Bollywood ne fait plus seulement des films d'évasion. On peut voir au stand indien du marché du film à Cannes des films qui dénoncent la corruption dans le pays, d'autres qui fustigent, comme Parzania, de Rahul Dholakia, les horribles massacres des musulmans dans le Gujarat en 2002. Un autre film, Black Friday de Annrag Kashyap, se penche sur les origines des émeutes de Bombay en 2003. On peut voir aussi le très sérieux Kaboul Express situé dans l'Afghanistan actuel et réalisé par Kabir Khan. Un phénomène nouveau apparaît à propos du cinéma indien : certaines productions sont financées par les Indiens de la diaspora. Des cinéastes indiennes vivant à l'étranger comme Mira Naïr (In the Namesake) et Deepa Mehta (Water) tentent de réaliser des œuvres internationales avec l'argent de la riche diaspora indienne d'Amérique. L'aventure libanaise continue elle aussi. Il suffit de citer les jeunes cinéastes présent à Cannes pour cette rétrospective : Ghassan Salhab, Michel Kamoun, Assad Fouladkar, Khalil Joreige, Joana Hadjithomas. Il y a bien une croisade du cinéma libanais pour une reconnaissance internationale, cela rappelle l'euphorie algérienne des années 1970. Et pourtant, au Liban, aujourd'hui, le contexte économique et politique est très difficile. Dans ce cadre de Cinémas d'Orient, on aurait apprécié de voir de nouveaux films iraniens à Cannes. Aucun n'est au programme. Il y a une baisse notable de qualité à Téhéran. L'élection d'Ahmadinejad a-t-elle réduit Kiaros Tami au silence ? On le craint. Du côté de l'Egypte, rien non plus. Sauf un film vidéo de quinze minutes signé Youcef Chahine dans le collectif « A chacun son cinéma ». Chahine a fini le tournage de son nouveau film Chaos. On le verra sûrement à la Mostra de Venise.