Les relations sino-américaines sont en train de connaître leur première grosse crise depuis l'arrivée à la Maison-Blanche de Barack Obama. L'affaire des ventes d'armes à Taiwan sème la discorde entre les deux pays. Portée par sa puissance économique croissante, la Chine affiche de plus en plus sa fermeté sur les points de désaccord avec les Etats-Unis. Lors de sa prise de fonctions, Obama avait pourtant affiché une attitude de grande ouverture à l'égard de Pékin, le premier partenaire économique et financier des Etats-Unis. Mais la Chine ne s'en laisse pas conter, d'autant que le basculement économique mondial est à son avantage. Le coup d'envoi de cette stratégie a été donné au sommet de Copenhague, au cours duquel la Chine s'est illustrée par son peu d'entrain à sacrifier son développement au nom de l'écologie, bien qu'elle fasse chez elle de grands efforts pour réduire sa facture de rejets et pollutions. Pékin, avec le tout nouvel épisode autour des ventes d'armes à Taiwan, entend manifestement ne plus subir le diktat de quiconque. Devant ce changement de ton, Washington a d'abord semblé abasourdi : lors de son voyage à Pékin, le président américain avait semblé incapable d'obtenir la moindre concession de son homologue. Mais l'affaire des ventes d'armes à Taiwan est l'occasion pour les Etats-Unis de réaffirmer leur fermeté. La liste des contentieux risque de s'allonger dès lors que Washington menace d'exercer d'autres pressions sur Pékin pour qu'elle rééquilibre sa croissance économique. Les Etats-Unis reprochent à Pékin la sous-évaluation de sa devise, qu'ils considèrent comme responsable d'une partie de l'excédent commercial chinois. Corollaire, ils souhaitent que la Chine développe sa consommation intérieure, afin de rééquilibrer les échanges mondiaux. Un responsable chinois a estimé qu'une appréciation du yuan serait envisageable le jour où les Occidentaux cesseraient de soutenir leurs propres économies au moyen de plans de relance. Retour sur l'affaire des ventes d'armes, le point le plus épineux aujourd'hui : en 1979, Washington a reconnu diplomatiquement la Chine, au détriment de l'île de Taiwan, de facto indépendante, mais que Pékin compte bien récupérer un jour ou l'autre. Cela n'a pas empêché les Etats-Unis de continuer à soutenir militairement Taiwan. Washington vient de valider, au Congrès, le principe d'une vente d'armes pour 6,4 milliards de dollars à Taipeh. Pékin a immédiatement annoncé le gel de ses relations militaires avec les Etats-Unis, mais a également menacé de représailles les entreprises américaines impliquées dans les contrats avec Taiwan.