La faculté de médecine d'Alger a marqué, hier, de son empreinte la commémoration du 19 mai 1956 (Journée de l'étudiant), en animant au Palais de la culture d'Alger un riche programme portant sur l'apport de la famille médicale algérienne dans le mouvement national et la guerre de libération. C'est ainsi que l'un des artisans de la grève de mai 1956, en la personne du docteur Lamine Khene, a revisité la page héroïque des médecins, infirmiers et sages-femmes qui ont marqué l'épopée de la Révolution 1954. Le conférencier, qui a suscité une grande attention de la part d'un panel de personnalités à l'instar de Hamid Mehri, Abderrezak Bouhara, Abdelhafid Amokrane, Daho Ould Kablia, Boualem Ghlamallah, et d'une forte assistance composée de médecins et d'étudiants en médecine, cite d'emblée les docteurs Bendjelloul, Benkhellil et Saâdane, morts avant le déclenchement de la guerre de libération, comme étant les plus représentatifs de leur génération. Pour ceux qui ont vécu le 1er Novembre 1954, Dr Khene souligne que le cas le plus typique est celui du pharmacien Ferhat Abbas, président de l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA). « On l'a souvent évoqué pour le négationnisme de la patrie algérienne qu'il lui arrivait d'exprimer, mais il sera membre du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), du Comité de coordination et d'exécution (CCE) et premier président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) », témoigne celui qui rejoint le CNRA en 1957. Il y a, en outre, ceux, généralement plus jeunes, qui dès le départ se sont engagés dans le mouvement indépendantiste du Parti du peuple algérien (PPA), puis du FLN. M. Khene cite l'exemple du pharmacien Benyoucef Benkhedda, ancien secrétaire général du Comité central du PPA/MTLD, qui sera membre du CNRA, du CCE, ministre puis 2e président du GPRA, et le cas du Dr Benaouda Benzerdjeb, ancien militant du PPA/MTLD, qui sera assassiné à Tlemcen en janvier 1956. Dans la même lignée, on trouve le Dr Mohamed Lamine Debaghine, dirigeant du bureau politique du PPA, qui sera membre du CNRA, puis du CCE et ministre des Affaires étrangères du GPRA. La conférence du Dr Khene gagne en pertinence lorsque l'assistance entend des noms de femmes ayant brillé non seulement dans leur profession de médecins mais aussi dans le maquis. C'est le cas du Dr Néfissa Hammoud (épouse Mustapha Laliam), militante PPA/MTLD et secrétaire générale de l'Association des femmes musulmanes algériennes (AFMA), qui rejoindra le maquis en Wilaya III où elle sera arrêtée et condamnée. Sans omettre des sages-femmes comme Mamia Aïssa (épouse Abderrezak Chentouf) présidente de l'AFMA, Salima Belhaffaf (épouse Benyoucef Benkhedda) trésorière de l'AFMA. Il y a enfin ceux qui ont rejoint le maquis ou/et l'ALN/FLN aux frontières marocaine et tunisienne. L'orateur évoque les Dr Abdessalam Benbadis, Ali Aït Idir, Abdelkader Tedjini, Youcef Damardji, tous tombés au champ d'honneur (TCH), Lakhdar Benseghir (pharmacien), arrêté et assassiné. Dr Khene ajoute qu'en Tunisie fonctionnait également un Conseil de santé ALN/FLN, initialement présidé par Mohamed Toumi et qui comprenait en outre les Dr Djamel Derdour, Frantz Fanon, Tedjini Haddam, Mohamed Seghir Nekkache, Chawki Mostefaï et maître Fétoui. Dans les maquis, l'orateur, membre du GPRA en 1958, évoque, notamment, Khellil Amrane et Yahia Farès (TCH), Youcef Khatib, Sylvain Bret devenu Amine Zighoud, Zoubida Ould Kablia (sœur du ministre Daho Ould Kablia) (TCH le 19 septembre 1958). L'orateur souligne qu'un hommage doit être rendu aux camarades, confrères et consœurs français qui ont soutenu la cause du peuple algérien. C'est le cas de Sylvain Bret qui sera le futur ambassadeur d'Algérie à Cuba, Frantz Fanon dont tout le monde connaît le combat anti-colonialiste ainsi que Pierre Chaulet, arrêté, condamné et expulsé d'Algérie et qui a hébergé Abane Ramdane au plus fort de la bataille d'Alger. Notons, enfin, l'absence de Rachid Harraoubia, qui devait ouvrir les travaux de cette journée.