La faculté de médecine d'Alger a organisé la commémoration du 19 mai 1956. Placé sous le haut patronage du président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, l'événement a été rehaussé par la présence d'éminentes personnalités. Le Dr Lamine Khan, Chawki Mostefaï, M.Daho Ould Kablia, le professeur Mohamed Toumi et le professeur Zahir Ihaddadène. Que peut-il se passer dans la tête de tous ces témoins du Mouvement de libération nationale? Dérouler le fil de l'histoire ne doit pas être chose facile. Les images reviennent, se bousculent. Elles sont souvent douloureuses. Une thérapie? Se libérer de ces chaînes qui enchaînent la mémoire, c'est aussi briser les murs du silence. Redonner leur juste place aux uns. Réhabiliter les autres. Ecrire, dire l'histoire. Transmettre aux générations futures. C'est ce qu'ont tenté de faire le Pr Ihaddadène, le Dr Lamine Khan et le Pr Toumi, ce 19 mai, hier, au Palais de la culture de Kouba. L'histoire du mouvement estudiantin et celle de la guerre de Libération nationale se sont télescopées. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, des étudiants algériens, en médecine dans leur majorité, créent le 16 mars 1919, l'Association des étudiants musulmans d'Afrique du Nord (Aeman).A la veille du déclenchement de la guerre de Libération, le nombre des étudiants algériens était de 500 environ. 80% d'entre eux provenaient de familles de notables ou relativement aisées. Ils constituaient l'ensemble de l'élite algérienne. L'administration coloniale comptait sur elle pour mettre en pratique sa politique d'assimilation. «Nous avions un avenir assuré. Nos diplômes en poche, aucun souci d'ordre matériel ne se posait à nous», nous a confié le Dr Ihaddadène. Il était écrit que les choses se passeraient autrement. 1er Novembre 1954. La guerre éclate. Les étudiants algériens prennent conscience que leur avenir est ailleurs. Le peuple est spolié de ses terres, de ses droits. La répression s'abat sur lui. Cela renforce leurs convictions. Ils s'engagent corps et âme dans la lutte armée. Ils s'organisent, créent l'Ugema. Zeddour Belkacem, le Dr Benzerdjeb sont assassinés. Brahimi, du collège de Bougie, est brûlé vif. Ferhat Hadjadj, maître d'internat au lycée de Ben Aknoun est égorgé par la police...l'Union générale des étudiants musulmans algériens, l'Ugema, lance son appel à la grève du 19 mai 1956. Le mouvement estudiantin se moule dans la guerre de Libération nationale en marche pour une indépendance inéluctable.