Les habitants de Laâzib-centre (Akbou) continuent d'engager inlassablement des démarches administratives par le biais de leur association Thamourtiw (mon pays) pour récupérer quelque 500 ha de terres agricoles des 959 h que détiennent les héritiers Ben Ali Chérif. La totalité de ce patrimoine foncier a été mis sous l'autorité de l'Etat depuis l'indépendance, dans le cadre de la nationalisation des terres et a été exploité en tant que domaine socialiste autogéré. Une fois l'ordonnance 95-26 du 25 septembre 1995 portant restitution des terres agricoles à leurs propriétaires originels promulguée, les héritiers Ben Ali Chérif reprirent possession, en 1998, des 959 ha situés dans les communes d'Akbou, d'Ouzellaguen et de Chellata par décision des services de la wilaya de Béjaïa. Une décision contestée par la lettre ouverte adressée par l'association Thamourtiw au président de la République et parue dans la presse en 1995. Le colonisateur français avait certes concédé aux Ben Ali Chérif, dont l'un des propriétaires fut bachagha, le patrimoine foncier en question mais il faudrait remonter jusqu'en 1871 pour saisir les circonstances dans lesquelles les propriétaires terriens de la région ont été dépossédés de leurs biens. Les représentants de l'association soutiennent mordicus avoir été spoliés de leurs terres. « Dans les années 1990, le Dr Farouk Ben Ali Chérif, aujourd'hui décédé, nous avait promis de prendre en considération nos doléances si nous consentions à appuyer sa demande de restitution. Nos documents justificatifs lui ont été remis », affirment-ils. Constatant par la suite avoir été complètement ignorés, ils adressent des correspondances aux autres héritiers dans lesquelles ils font état du contrat moral passé avec leur défunt frère mais elles restèrent lettres mortes. Contacté, Ahmed Ben Ali Chérif, installé en Tunisie, nie tout droit de propriété à ces familles et s'en tient à la décision de restitution susmentionnée. « Leurs revendications sont irrecevables car elles sont infondées. Ils n'ont qu'à faire valoir leurs droits s' ils en ont les arguments », dira-t-il. Le litige opposant les deux parties risque de se compliquer davantage depuis qu'une partie de cette vaste propriété non constructible est mise en vente. Les lots de terrain ont vite trouvé acquéreurs eu égard au prix dérisoire avec lequel ils sont cédés (2000 DA/m2) alors qu'il est plafonné à 5 fois cette valeur le long du même axe routier, à savoir la RN26. Des constructions illicites à usage commercial et d'habitation y ont été érigées. Devant cet état de fait, le collectif des habitants vient de publier dans la presse une opposition à tous travaux engagés sur les lieux et à toute transaction effectuée sans leur consentement. Face à la complexité de la situation, arriveront-ils à démêler les fils de cet écheveau tissé depuis des siècles ? « Nous sommes déterminés à défendre notre cause par toute voie de droit pour reprendre possession de ces terres que nous aïeux ont travaillées pendant des décennies et sur lesquelles ils ont des droits immémoriaux », assure un jeunes.