La restitution de 959,77 ha de terres agricoles sises dans la vallée de la Soummam aux héritiers Ben-Ali Chérif, après qu'elles aient été mises sous protection de l'Etat de 1963 à 1998, vient d'enregistrer une contestation de la part des habitants d'Illoula Oussameur, dans la commune de Chellata, wilaya de Béjaïa. Dans une lettre ouverte au président de la République parue dans la presse, les contestataires revendiquent « l'annulation pure et simple de l'arrêté établi par le wali de Béjaïa portant restitution de terres agricoles au profit des héritiers du Bachagha Ben-Ali Chérif Md Saïd ». Un arrêté qu'ils assimilent au séquestre du 25 mars 1871 établi par l'armée coloniale pour déposséder leurs arrières-parents d'une partie de ces mêmes terres en guise de représailles à leur participation aux insurrections armées orchestrées par Cheikh Aheddad et El Mokrani. Se considérant spoliés de leurs terres pour la seconde fois, les villageois de Chellata réclament une commission d'enquête susceptible de faire la lumière sur cette affaire en espérant qu'elle puisse « rendre à César ce qui lui appartient ». Ils se disent confortés dans leur revendication par les réserves émises par le SG de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA) et le président de la chambre de l'agriculture de Béjaïa lors de la réunion de la commission de wilaya chargée de l'examen des dossiers de restitution des terres nationalisées, tenue le 1re juin 1998. Le premier s'est exprimé contre cette restitution au motif qu'il n'est pas convaincu par les actes et titres de propriété fournis par les requérants et le second demande le maintien des attributaires sur les terres en question. Il y a lieu de rappeler qu'une autre partie de ce patrimoine foncier restitué aux Ben Ali Chérif a été revendiquée par les habitants de Laâzib (Akbou) pour les mêmes considérations, comme rapporté en 2004 dans ces mêmes colonnes. Résidant à l'étranger, les Ben-Ali Chérif ont fini, faut-il le souligner, par brader plusieurs hectares de ces superficies agricoles ces dernières années à raison de 2000 DA/m2 sans fournir d'acte de propriété aux acquéreurs qui se sont résignés, pour certains d'entre eux, à y bâtir des habitations sans permis de construire.