Un Nanterre algérien, terre de bidonvilles, La double absence, L'immigration ou les paradoxes de l'altérité. Loin du terrain médiatique et médiatisé, Abdelmalek Sayad produit, de sa vie, une série de livres sur le phénomène de l'émigration/immigration. Après sa mort en 1998, ses travaux deviennent une référence en matière d'élaboration de politique d'immigration en France. Ce sociologue algérien, des plus connus dans l'autre rive de la Méditerranée et des moins connus dans son pays, est considéré comme « le père fondateur » de la question de l'immigration en sociologie. Ainsi, le Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique (CNRPAH) d'Alger lui rend hommage à travers un colloque international de trois jours, qui débutera samedi prochain. « Ses analyses qualifiées souvent de fines doivent beaucoup au fait qu'il investissait dans son travail toutes ses vies et ses expériences complexes et difficiles : de colonisé, d'Algérien et d'émigré », écrit-on dans la présentation du colloque. « L'émigration est la fille de la colonisation, disait-il », témoigne Slimane Hachi, directeur du CNRPAH, qui défend l'idée selon laquelle le phénomène de l'émigration/immigration est aussi l'une des conséquences de la colonisation avec tout ce qu'elle induit comme déplacement, contentement, déracinement, pauvreté et destruction. Ce colloque se propose, selon les organisateurs, de s'interroger à partir des pays d'émigration (du Maghreb, du monde arabe et de l'Afrique) sur les motivations objectives et subjectives qui aiguillonnent les projets d'émigration et les nouvelles conséquences que celles-ci induisent sur les sociétés d'émigration ainsi que sur les rapports entre pays et Etats d'émigration et d'immigration. Placé sous le thème : « L'émigration/immigration : anthropologie de l'absence », le colloque permettra à une vingtaine de chercheurs venus des quatre coins de l'Algérie et de l'étranger d'approfondir l'analyse de ce phénomène de telle sorte à ce qu'il soit pris non pas comme un acte individuel, mais comme un phénomène social. Pour en cerner les contours, Kamel Chachoua estime qu'il sera judicieux de se pencher sur les travaux de Abdelmalek Sayad, lequel est « l'un des grands sociologues de la migration et un modèle inévitable pour tous ceux qui travaillent sur les sociétés des deux rives de la Méditerranée ».