Le maire de Sidi Amar, une commune de près de 6 000 âmes, à 58 km du chef-lieu de wilaya, a été démis de ses fonctions au cours de cette semaine, par le chef de l'exécutif, suites à des faits présumés qui auraient été perpétrés pendant qu'il présidait aux destinées de la collectivité. Le P/APC, porté sur la liste du FLN, à la tête de la municipalité depuis les élections locales de 2002, se serait vu, notamment, reprocher « la passation de marchés contraires à la réglementation et la dilapidation de deniers publics » et devra céder ses prérogatives au premier vice-président de l'Assemblée avant de comparaître devant la juridiction qui aura pour tâche de juger les charges retenues contre lui. En rupture de ban avec ses administrés depuis plus de deux ans, la moindre des apparitions de cet édile devant le siège de la mairie donne immanquablement lieu à de violentes empoignades qui, plus d'une fois, se sont soldées par des échanges pugilistiques sans aucune retenue entres partisans et réfractaires à sa présence dans les locaux de l'hôtel de ville. Même la venue d'officiels, conduits par le wali à l'occasion d'une visite de chantiers, n'a pas dissuadé de telles éruptions de la vindicte populaire, où la mêlée qui dégénère souvent en véritable bataille rangée ne s'apaise que lorsque les premiers débordés par les assauts de leurs adversaires sont contraint de battre en retraite, emmenant leur protégé dans leur sillage. La population du bourg, soutenant les affres d'une paupérisation dont elle goûte les pires tourments en l'absence de route carrossable, d'une répartition équitable des aides de l'Etat et la persistance des facteurs qui accentuent l'isolement, déverse ses griefs à l'encontre de l'élu, coupable à ses yeux d'œuvrer dans le seul intérêt des membres de sa faction d'origine et de ne rien faire pour améliorer son sort. Les habitants crurent bon, alors, de lui interdire l'accès à son bureau afin d'inspirer un règlement rapide de la situation. Mal leur en prit, car non seulement l'intervention providentielle ne s'annonça point durant ces deux années, mais le maire, de son propre chef, transféra les services de la commune à Aïn jedida, un hameau secondaire qui a le mérite de rassembler tous ceux qui lui sont favorables, et continua d'exercer son mandat en l'absence d'une bonne partie de ses pairs au nom desquels il entérinait les délibérations de l'APC. Jusqu'au jour où la commission qui s'était attelée à faire toute la lumière sur ce marasme rendit les résultats de ses investigations. La suspension du maire de Sidi Amar, porte à neuf sur vingt-deux communes le nombre d'élus à travers la wilaya d'El Bayadh, contraint de se décharger de leurs obligations pour avoir failli à la lettre de leur investiture.