Accusations, contre-accusations, le deuxième mandat qui tire à sa fin s'est avéré aussi trouble que le premier. Les méthodes auxquelles se sont adonné les élus se sont pourtant « améliorées ». Avec la confection des listes, des chassés-croisés ont été constatés entre les différents partis. Le FLN tient le haut du pavé, suivi du RND, Ennahda, Hamas et à moindre mesure, le FFS. Des élus qui sont restés en retrait de la gestion locale s'accordent sur un postulat : « Là où il y a le foncier, on constate des problèmes. Il en est de même des Apc qualifiées de riches », soutient un membre de l'Apc de Gué de Constantine, demeuré depuis longtemps en rupture de ban puisque « ne pouvant changer les choses » au niveau de son assemblée. Pour lui, il n'y a pas une région qui en soit épargnée. Le P/Apc de sidi Moussa a été accusé d'avoir accaparé 30 milliards de centimes. Le tribunal de Boufarik a demandé une expertise financière au niveau de cette assemblée. Le P/APC, un élu local, en plus des 35 entrepreneurs, avaient été mis sous contrôle judiciaire pour avoir trafiqué des factures de 160 projets fictifs. La justice reproche au P/APC d'avoir utilisé des faux sceaux du wali sortant de la wilaya d'Alger, M. Nourani et de la SUCH. Non loin de là, l'Apc de Baraki a connu des remous. En fuite, l'élu d'El Islah, dont s'enorgueillissait Djaballah, a été condamné par la justice, et le procureur près le tribunal de Sidi M'hamed a prononcé un mandat d'arrêt contre lui. Aux Eucalyptus, où l'ancien P/Apc et des DEC ont été mis sous mandat de dépôt, des élus ne manquent pas d'assurer que le P/Apc actuel et une partie de l'exécutif seraient compromis dans des affaires graves de foncier agricole. Foncier dilapidé... Des associations de Oued Smar ont toujours défrayé la chronique en dénonçant les atteintes au foncier dilapidé, sans que la wilaya déléguée d'El Harrach « compromise » intervienne. Retardant la réalisation de 200 logement sociaux participatif entre autres, le foncier est utilisé à d'autres fins. Les forêts de Beaulieu sont ainsi convoitées pour installer des baraquements. Des citoyens d'El Harrach ont dénoncé pour leur part la « léthargie » des élus locaux, coupables de « s'être laissé graisser la patte par de gros bonnets locaux ». Des élus de cette Apc seraient dans le collimateur de la justice. Des communes de la périphérie de la capitale, pourvues d'assiettes foncières, ont connu pareilles affaires. Une complicité avérée dans ces contrées lointaines est constatée entre les walis délégués et les élus locaux. Le P/Apc de Réghaïa s'est trouvé dans le collimateur de ses collègues. Le P/Apc et ses vice-présidents, inamovibles, seraient, selon des élus passés dans l'opposition, derrière des « trafics ». A Dar El Beïda, un élu de l'Assemblée est poursuivi en justice pour des affaires liées à la gestion de l'Apc actuelle. « Reste que seuls les citoyens sont gênés par cette arrestation puisque leurs affaires sont toujours renvoyées sin die ». Un crime crapuleux a été commis contre un élu de la région est de la capitale. Trois personnes, dont des employés de l'Apc, ont été placées sous mandat de dépôt pour chef d'inculpation pour assassinat, faux et usage de faux, usurpation d'identité. A Bordj El Kiffan, des élus de l'exécutif furent aussi appréhendés alors que Tamentfoust, Heuraoua connaît le calme des cimetières. L'Apc de Aïn Taya a connu, elle aussi, des affaires similaires. Menant des enquêtes dans plus de 20 APC sur les 57 que compte la capitale, la Gendarmerie nationale, qui tient la dragée haute aux élus compromis, a indiqué, dans un communiqué publié en 2005, que cinq personnes, dont le vice-président et le chef de parc d'El Achour, ont été écrouées le 17 avril 2005 pour faux et usage de faux, atteinte aux biens immobiliers et escroquerie. Les décisions d'octroi de parcelles de terrain, plus de 1100, ont été mises en avant dans l'enquête pour confondre les élus. Le P/APC fut, lui aussi, présenté, quelques jours auparavant, devant le tribunal de Chéraga pour une affaire de corruption. Une souricière lui a été tendue. Communes en retrait... Draria, Douéra, Baba Hassen, Khraïssia, Tassal El Mardja, des régions à forte plus-value agricole, connaissent des affaires à rebondissements depuis que la direction de l'agriculture y mène des « enquêtes poussées ». Plusieurs élus ont été mis en cause dans des affaires de dilapidation de foncier agricole. C'est un secret de polichinelle que de dire que les anciens DEC « de ces communes enclavées » et les élus actuels utilisent des décisions antidatées pour mettre la main sur des terrains des EAC et EAI. Le début du mandat des élus de Kouba, Hussein Dey et Bachedjarah a connu l'ébruitement d'affaires où sont empêtrés d'anciens et actuels élus. Le fonctionnement des APC s'en est trouvé bloqué. Les APC de Bologhine et de Bab El Oued et un élu d'Alger-Centre sont touchés par ces affaires. Ils ont été à cet effet entendus par la police. El Mouradia a connu son lot d'affaires. L'ancien P/APC décédé ne fut pas épargné par les citoyens qui lui reprochaient une gestion « inique » des biens de la collectivité. A El Madania, des élus sont montés au créneau pour dénoncer les pratiques frauduleuses du P/APC et sa cour. M. Mouffok assure que les élus peuvent se reprocher des choses. Bouzaréah, Ben Aknoun ainsi que l'APC d'El Biar et celle d'Hydra verront des batailles entre ces différents élus. « Les élus ne lavent pas leur sale linge en famille », a ironisé un citoyen de Bouzaréah. L'APC de Birkhadem, la seule gérée par un élu du parti d'Aït Ahmed, s'est trouvée ainsi propulsée au-devant de la scène en février dernier. Le P/APC élu en octobre 2002 se trouve dans de mauvais draps. Un retrait de confiance, signé le 8 juillet 2003 par 10 élus sur les 15 qui forment l'assemblée, fut décidé mais n'a pas abouti. Les APC de l'ouest de la capitale, plus en retrait de la ville, sont elles aussi concernées. Le P/APC de Mehalma fut suspendu par l'administration. Des remous ont marqué la fin du mandat des élus de Staouéli. L'APC de Aïn Benian se trouve bloquée du fait de l'arrestation du P/APC. Après qu'il ait été acquitté par la justice suite au procès en appel qui s'est déroulé à la cour de Blida, le P/APC a été rappelé et radié par l'administration. Suspendu de ses fonctions et placé sous contrôle judiciaire suite à une affaire de corruption en 2005, le maire avait été reconnu « non coupable » une première fois par le tribunal de Larbaâ. Les autres mis en cause, un vice-président et un élu FLN ainsi qu'un autre élu indépendant, pris en flagrant délit de corruption, avaient été condamnés, eux aussi, à 18 mois de prison ferme. A Raïs Hamidou, des affaires ont éclaboussé l'actuelle assemblée. Les services de l'APC ont décidé d'annuler les décisions d'octroi de terrains délivrées par les anciens DEC avant octobre 1979 sans l'aval du service de l'urbanisme. A Hammamet, des élus ont décidé du retrait de confiance au P/APC en juillet 2005. Faut-il rappeler que les services de la wilaya, qui se confinent dans un silence gêné, ne daignent pas éclairer toutes ces affaires.