Tracas, débrouillardise et stress permanent, voilà le lot quotidien des jeunes étudiants résidant au niveau des cités universitaires et obligés donc d'y passer le Ramadhan. Si certains tracas physiques comme la fatigue liée à la mauvaise alimentation et à un sommeil perturbé (le va-et-vient des étudiants dans les couloirs ou encore les veillées ramadhanesques souvent bruyantes au niveau de certains pavillons) sont surmontables pour la majorité des résidents, l'éloignement de l'ambiance familiale l'est beaucoup moins même pour les « durs ». Car comme nous l'ont expliqué ces étudiants de la cité 8 Novembre 1971 « rien ne vaut une bonne chorba chaude autour d'une table familiale. Il nous arrive de rompre le jeûne avec une chorba froide ou un pain immangeable... c'est très pénible après une journée de jeûne ». Il est vrai que le cerveau a du mal à suivre avec une pareille malnutrition et après d'énormes efforts intellectuels durant la journée. Pour recréer un peu l'ambiance familiale tant souhaitée et qui leur manque en ce mois, les étudiants essayent de former des groupes de trois ou quatre personnes avec des tâches précises pour chaque membre. Ces derniers se relayent quotidiennement afin d'accomplir certaines besognes et éviter ainsi de sombrer dans une routine néfaste. Certains s'attellent à récupérer le ftour auprès du resto de la cité, une tâche qui peut s'avérer laborieuse en cas d'une grande queue au resto et une attente qui peut durer plusieurs quarts d'heure. D'autres s'occupent à effectuer certains achats, comme les condiments qu'ils rajoutent le plus souvent à la chorba pour lui donner un semblant de goût. Parfois on se risque même à préparer des plats entiers dans les chambres. Cette organisation, qui consiste à distribuer les tâches, aide aussi les étudiants à économiser leurs forces pour d'autres activités. La nuit, les jeunes se retrouvent dans le café du campus pour regarder un film sur l'unique tété de la résidence ou à faire quelques parties de dominos et de jeux de cartes. D'autres préfèrent un tour au centre-ville afin de changer d'air. Enfin, l'ambiance ramadhanesque, qui semblait dominer chaque année les différents campus, semble faire cruellement défaut cette année. La raison est toute simple : plus de la moitié des étudiants ont préféré faire l'impasse sur leurs études en ce mois et sont donc restés chez eux. C'est comme s'il y avait eu « un compromis » entre les étudiants pour « ajourner » la rentrée universitaire pour l'après-Ramadhan, une situation qui a créée comme un vide dans les cités. « Chose qui n'a pas aidé à l'amélioration de la nourriture en quantité et qualité », nous lancera un résident suite à notre étonnement quant à cette situation.