La poursuite des actes criminels, dans les zones rurales notamment, est favorisée par l'absence du corps de la gendarmerie dans de nombreuses localités. Tizi Ouzou. De notre bureau Un nouveau crime a été commis à Tizi Ouzou. Le meurtre du jeune S. Rachid, âgé de 24 ans, lundi vers 3h du matin, dans la commune d'Ath Zmenzer, a jeté un profond émoi au sein de la population locale. La manière dont le dramatique événement s'est déroulé pose une nouvelle fois l'épineux problème du manque de couverture des corps de sécurité dans les zones rurales. Il était 3h du matin lorsqu'un groupe armé s'est introduit dans la maison d'une vieille femme pour la cambrioler, racontent des témoins. La tragédie s'est déroulée lorsque Rachid se réveilla pour porter assistance à sa voisine. Les bandits ouvrent alors le feu sur lui, le laissant pour mort. D'après les mêmes témoins, les éléments du groupe se sont introduits dernièrement dans le domicile d'une autre famille dans la même localité, emportant tous les objets de valeur. Ce meurtre vient rappeler que la population de la wilaya est plus vulnérable que jamais. Deux kidnappings ont eu lieu la semaine dernière à Tizi Ouzou : un Egyptien dans le chef-lieu de la commune et un commerçant à Boghni. Aucune nouvelle de ce double rapt n'est parvenue à ce jour. Aussi, la population est prise par une effarante psychose et l'inquiétude devient pesante. La répétition des actes criminels, dans les zones rurales notamment, est favorisée par l'absence du corps de la gendarmerie dans de nombreuses localités. Seulement 20 unités sont opérationnelles, alors que 14 d'entre elles ont été délocalisées à la suite des événements de Kabylie de 2001. Actuellement, la gendarmerie n'assure que 29% de la population en matière de couverture sécuritaire. Le commandant du groupement de la gendarmerie, le colonel Salim Benazzouz, que nous avons sollicité hier pour donner son avis sur le retour de la gendarmerie, était absent à son bureau. Le 16 janvier dernier, le même officier avait déclaré que l'opération de réouverture des brigades de la gendarmerie « suivait son cours ». Depuis, aucune structure n'a ouvert ses portes, a-t-on appris. Pour sa part, le wali avait annoncé le 20 novembre 2006 qu'un budget de 127 milliards de dinars serait débloqué pour construire et équiper des commissariats. Le premier responsable de la wilaya avait également annoncé que les 67 communes que compte la wilaya seraient équipées à partir de cette année de brigades de la gendarmerie et de commissariats de police. Mais le projet peine à avancer. L'absence d'assiettes foncières en est la principale raison, explique-t-on, officiellement. Les hésitations des autorités à mettre les moyens pour sécuriser la région sont perceptibles. Par ailleurs, l'APW, à majorité FFS, a toujours refusé d'organiser une session extraordinaire consacrée à la situation d'insécurité qui prévaut dans la wilaya. Les délits sont multiples. La cellule de communication de la sûreté de wilaya a annoncé hier dans un communiqué qu'une procédure judiciaire a été instruite « pour association de malfaiteurs, tentative d'homicide volontaire avec préméditation, vol qualifié et faux et usage de faux » à l'encontre de quatre individus. Le grand banditisme que l'on qualifie « de phénomène national » au niveau officiel prend des proportions alarmantes à Tizi Ouzou. L'alarme est de nouveau tirée.