La situation d'insécurité a atteint des proportions alarmantes dans la wilaya de Tizi Ouzou. Aux agressions physiques, vols, cambriolages des magasins et des domiciles s'est ajoutée une nouvelle forme d'actes criminels : les meurtres. Il y a quelques jours, en vingt-quatre heures, deux assassinats ont été commis. Le premier dans une commune rurale, Ath Zmenzer, où une femme a été égorgée à l'intérieur de son domicile et le deuxième au centre-ville de Tizi Ouzou où un jeune de 19 ans a reçu des coups de poignard mortels. Les coups et blessures ne se comptent plus, tant ils sont innombrables. La criminalité prévaut autant dans les zones rurales que dans les centres urbains. Les dispositifs des services de sécurité dans les différentes localités de la wilaya n'arrivent pas à éliminer le banditisme. Et c'est l'inquiétude qui s'installe au sein de la population. La colère contre les services de sécurité, accusés de passivité, est perceptible. Certains imputent cette situation d'insécurité aux effets induits par la délocalisation de 14 brigades de gendarmerie en 2002. Pour rappel, cette décision des pouvoirs publics répond à la revendication des archs qui ont demandé « le départ de la gendarmerie ». D'autres tentent de chercher les causes de cette fulgurante montée de la criminalité dans le désarroi social de la jeunesse et le manque de débouchés professionnels. Questionné au sujet de cette préoccupante situation d'insécurité, Rabah Aïssat, le président de l'APW, déclare : « En tant qu'assemblée de wilaya, on a posé le problème depuis longtemps considérant qu'il y a une situation qui se dégrade de plus en plus. Nous avons interpellé le wali sur la question plusieurs fois, mais la situation ne s'est pas améliorée et c'est regrettable. Les services concernés doivent faire leur travail, car le problème des effectifs ne se pose pas. » Devant la recrudescence des actes criminels, des voix persistantes réclament le redéploiement des gendarmes par la réouverture des brigades. Les élus inquiets Sollicité à se prononcer sur ce sujet, M. Aïssat apporte une réponse complexe : « En tant qu'élus, nous n'avons jamais demandé l'enclavement des gendarmes dans leurs casernes et aujourd'hui, nous ne demandons pas leur retour. Mais je me dois de préciser que la Gendarmerie nationale est une institution Républicaine et la wilaya de Tizi Ouzou fait partie de la république algérienne ». Sur le plan de l'encadrement sécuritaire, la wilaya ne dispose que de sept brigades de gendarmerie et 16 sûretés de daïra sur les 21 daïras existantes. Le chef de sûreté de wilaya, Seriar Mohamed, avait déclaré, à la mi-janvier, que la police compte se déployer au cours de cette année pour couvrir toutes les daïras de la wilaya. Selon une source policière, les auteurs des agressions commises à Tizi Ouzou sont souvent originaires des wilayas limitrophes, notamment de Boumerdès. Les services de sécurité rencontrent des difficultés pour identifier les criminels en raison de leur mobilité et à cause du fait qu'ils ne sont pas connus des services de police. En outre, les délits sont si nombreux que les chiffres exacts sont difficiles à obtenir. Mais les bilans rendus publics par la sûreté de wilaya sont éloquents. Durant les mois de janvier et de février derniers, la police judiciaire a traité 296 affaires d'atteinte aux personnes. Si un grand nombre de ces cas ont été résolus, selon les services de police, ils n'en reste pas moins que les instances judiciaires n'arrivent pas à suivre le rythme des arrestations et les instructions judiciaires ne sont pas enclenchées de manière automatique, note-t-on. Ce phénomène d'insécurité, bien que pesant sur le quotidien du citoyen, n'a pas pour autant été soulevé à temps et pris en charge par les élus. « Il faudrait tenir une session extraordinaire de l'APW pour débattre de l'insécurité. Notre groupe prévoit sa réunion cette semaine. Une session de notre assemblée sur le sujet devient impérative. L'exécutif du FFS doit prendre ses responsabilités, de son côté », nous a affirmé Mahfoud Belabès, élu RCD à l'APW. Yazid Zerhouni a déclaré la semaine dernière lors de l'installation du nouveau wali, que la wilaya de Tizi Ouzou connaîtra le déploiement de tous les corps de sécurité prochainement. Pour le moment, la Gendarmerie nationale a décidé d'intervenir selon les cas qui lui seront soumis, a-t-on appris de bonne source. Dans certaines communes, comme à Tadmaït, les gendarmes accomplissent leur mission classique de sécurité. Les services de la police, quant à eux, requièrent la réalisation de nouvelles infrastructures. L'espoir de réduire la capacité de nuisance des bandes de criminels dépend-il uniquement d'un maillage sans faille de la région ?