Même si d'aucuns pensent qu'on aurait pu étendre à la petite et moyenne entreprises, voire même à la réforme bancaire, le champ de compétence du ministère de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, nouvellement créé et confié à Abdelhamid Temmar, le regroupement des départements de l'industrie, de l'investissement et des participations de l'Etat en un seul portefeuille ministériel constitue tout de même un bon pas dans le sens de l'unicité de gestion de l'économie nationale qui dépendait, comme on le sait, d'au moins de 7 ministères et ministères délégués. Le rattachement d'un certain nombre de centres de décisions économiques à ce nouveau ministère constitue, à n'en pas douter, le premier grand pas vers la mise en œuvre de la nouvelle stratégie industrielle, dont les opérateurs et experts concernés avaient réclamé à l'issue des assises nationales qui s'étaient tenues en février dernier au Palais des nations la création d'un grand ministère d'Economie ayant les moyens et les pleins pouvoirs pour mener la réforme profonde et globale de l'économie prônée par les concepteurs de la nouvelle stratégie industrielle. Si elle ne satisfait pas totalement à cette exigence, la création d'un ministère ayant en charge le développement industriel et l'investissement, doté des prérogatives requises pour la mise en œuvre rapide des redéploiements industriels prévus, pourrait de notre point de vue contribuer efficacement à la mise en œuvre rapide des redéploiements industriels prévus, pour peu qu'il soit rapidement opérationnel et que l'environnement juridique et institutionnel qui conditionne son bon fonctionnement ne soit pas soumis aux traditionnels obstacles bureaucratiques. C'est un département ministériel auquel les plus hautes autorités politiques du pays, chef de l'Etat en tête, devraient accorder une attention toute particulière, c'est de lui que dépend la mise en œuvre des réformes de seconde génération (modernisation des entreprises et de leur management, acquisition des nouvelles technologies, compétitivité, etc.) et la diffusion spatiale du développement (création de pôles régionaux de développement et technopoles) qui aideront l'Algérie à avoir une place respectable dans la division du travail. La création de ce nouveau ministère, né de la fusion de deux ministères, en l'occurrence celui de l'Industrie et celui des Participations et de la Promotion des investissements, ouvre tout de même la voie à un certain nombre d'interrogations qu'élucideront sans doute les changements législatifs et institutionnels programmés, mais non encore mis en œuvre. La disparition de la gestion des participations de l'Etat du champ des prérogatives de ce nouveau ministère sonne-t-il le glas des sociétés de gestion des participations qui, affirme-t-on déjà, reviendront directement aux agences appelées à promouvoir la dizaine de pôles de compétitivité qui sous-tendent la nouvelle stratégie industrielle ? Les privatisations relèveront-elles de ce ministère ou seront-elles, comme il serait logique, l'affaire des entreprises activant dans les divers pôles de compétitivité qui auront désormais le droit d'acquérir et de céder tout ou une partie de leurs actifs au gré de leurs stratégies de développement ? Comment ce nouveau ministère, dont le personnel est abrité dans deux immeubles, sera-t-il organisé ? Quel sera le sort des secrétaires généraux, chefs de cabinet, directeurs centraux et autres en double emploi ? Qui assurera l'ingénierie des réformes et des redéploiements à mettre en œuvre en application de la nouvelle stratégie industrielle ? Est-ce le conseil national de la planification, comme suggéré lors des assises nationales, ou est-ce des bureaux-conseils étrangers auxquels on a pris l'habitude de faire appel ? Autant de questions qui ne trouveront réponse qu'au gré des prochaines actions gouvernementales, notamment celles qui concernent les réformes et le développement économique.