« Nous ne croyons pas à la théorie et au rêve, mais à l'action. » C'est aussi sèchement que s'est voulue la réaction du ministre de la Petite et Moyenne entreprises et de l'Artisanat (PMEART), Mustapha Benbada, visiblement excédé par l'immixtion par trop pesante du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI), Abdelhamid Temmar. Cette espèce de guerre sourde à laquelle semble s'être livré Benbada se veut une réponse, selon des sources sûres, au vœu de Abdelhamid Temmar de mettre sous sa coupe la sous-traitance. Pour M. Benbada, qui s'exprimait hier depuis l'hôtel Sofitel, à l'occasion d'une conférence de presse attenante à un séminaire sectoriel, « la sous-traitance relève des prérogatives de mon département ». Les quatre bourses de sous-traitance qui existent aujourd'hui ont été montées par le département de la PME et bénéficient d'un concours budgétaire, précise encore le ministre de la PME. A ce titre, il annonce un plan de travail en phase d'élaboration en collaboration avec le Conseil national consultatif pour la promotion de la PME (CNC-PME). Mustapha Benbada, interrogé par la presse, étale publiquement son opposition à l'approche de Temmar en soutenant que « la mentalité de la centralisation n'est pas bonne ». Il rappellera à ce propos les recommandations des assises nationales sur la stratégie industrielle. Celles-ci avaient posé la problématique de la coordination entre les secteurs. Pour le premier responsable de la PME, « la solution est dans la création d'un mécanisme de coordination ». Il se prononce ainsi contre la fusion des différents programmes de mise à niveau en soulignant que sur le plan opérationnel, il est plus efficace que chaque secteur gère ses actions. Prônée par Abdelhamid Temmar, cette démarche visait à créer une seule structure en charge de suivre la mise à niveau des entreprises. A ce sujet, M. Benbada révèle avoir demandé des explications à son collègue de l'industrie sur ses déclarations, concluant à l'échec des opérations de mise à niveau. Le MIPI, selon le conférencier, aurait nié avoir commenté les résultats du programme géré par le département de la PME, mais celui concernant la mise à niveau des entreprises industrielles. Mustapha Benbada a indiqué qu'en effet le programme de mise à niveau relevant de l'industrie n'a pu venir en aide qu'à 40 entreprises en l'espace de 6 ans. Par ailleurs, le problème des entreprises endettées n'a pas encore trouvé sa solution. « Il y a de cela quelques jours, j'ai demandé la tenue d'un conseil interministériel », révèle le ministre de la PME, qui dit avoir soumis au département des Finances un mécanisme de règlement de cette question. Le représentant de l'Exécutif, qui reconnaît « la complexité » du dossier, garde bon espoir de voir son initiative aboutir. Cependant, avertit-il, il est impératif de respecter la critériologie des entreprises bénéficiaires. Il s'agira de donner une nouvelle chance à celles recelant un potentiel de compétitivité et dont l'enlisement dans l'endettement est dû à des facteurs exogènes. Pour le gouvernement, il est exclu d'intégrer les PME dont les difficultés avec leurs créanciers sont le fait d'actes de gestion.