Le ministre des Participations et de la Promotion des investissements (MPPI), Abdelhamid Temmar, est revenu dans une rencontre-débat avec les directeurs des médias nationaux, organisée mercredi soir au Sheraton, sur les grands chantiers économiques et la stratégie que compte adopter le gouvernement algérien pour booster l'investissement. Pour y parvenir, « monsieur privatisation » de l'Algérie estime qu'il faudrait « réfléchir de la même manière que si l'on était en situation de guerre économique ». Dans la mesure, dit-il, où l'entreprise Algérie est en compétition avec d'autres pays pour attirer les investisseurs, il faut agir efficacement. Première étape : mettre de l'ordre dans nos affaires, à commencer par les « réformes structurelles » comme la réforme bancaire, le foncier industriel et la régulation du marché informel. Deuxième étape : affiner la stratégie industrielle du pays à travers des mesures incitatives en misant sur des créneaux porteurs et en appuyant les entreprises publiques industrielles. Le ministre a également indiqué que l'Etat accordera son soutien aux entreprises privées qui ont marqué ces derniers temps un recul. La politique d'encouragement à l'investissement, a indiqué M. Temmar, a été recentrée fondamentalement sur l'industrie. L'orateur a considéré que l'industrie était le « seul secteur qui permettrait de reconstituer l'économie et d'assurer une croissance durable ». Pour lui, un parc industriel national incomparable, dont bénéficie l'Algérie par rapport aux pays voisins, lui donne un avantage comparatif indéniable. L'objectif affiché est de réduire la dépendance de l'Algérie au pétrole (qui est, selon le ministre, de l'ordre de 40% contre 15% à Dubaï). Temmar a annoncé que le gouvernement compte engager un programme de mise à niveau des entreprises privées, dans lequel l'Etat les accompagnera pour leur donner les moyens nécessaires de se mettre en compétitivité. Dans ce sens, il a fait savoir que son ministère et celui des Finances ont arrêté une liste d'entreprises industrielles publiques qui seront soutenues et prises en charge par des actions telles que le partenariat en joint-venture et des mesures d'amélioration de leur gestion. Ces entreprises constitueront un « pré-carré sérieux » de l'industrie algérienne. Par ailleurs, un programme de développement local et durable est envisagé et devra toucher 11 millions d'habitants des régions rurales. Le ministre de la Participation a déploré que le secteur privé algérien soit quasiment absent dans les « activités industrielles nobles » où se joue la compétitivité. Les entreprises privées ont, d'après le ministre de la Participation, un peu perdu de leur superbe. M. Temmar a exprimé son inquiétude quant au ralentissement de leur dynamisme. Le taux de croissance de ce secteur stagne à 1,4% depuis 2005, loin derrière les résultats remarquables affichés durant les années précédentes. Temmar se demande si cette situation est juste « conjoncturelle » ou plutôt une « tendance ». « Le secteur privé a-t-il fait le plein ? », s'est-il interrogé. Modification de la gestion du foncier industriel Pour remédier à la situation de ces entreprises, M. Temmar a annoncé que le gouvernement allait engager un programme de mise à niveau dans lequel l'Etat les accompagnera pour leur donner les moyens nécessaires de se mettre en compétitivité. « Cette politique est une sorte de prolongement de celle déjà lancée avec des fonds de l'Union européenne. L'Etat élargira cette mise à niveau à travers des financements, des conseils ainsi que la formation », a soutenu M. Temmar. L'un des plus grands obstacles à l'investissement, a affirmé M. Temmar, est en voie de règlement définitif. Le ministère des Finances s'est attelé à modifier le système de gestion du foncier industriel. Le département de Mourad Medelci a ainsi mis sur pied une banque de données recensant les disponibilités dans différentes zones dans le but de savoir à quel prix vendre le foncier industriel algérien. Le ministère des Finances a pu collecter « un portefeuille de terrains » qui vont servir aux investissements en attente ou futur. « Tout le système de gestion du foncier économique est revu », a révélé M. Temmar. Une opération, a-t-il glissé, qui a mobilisé le gouvernement pendant plus de six mois. Le problème du foncier industriel, a reconnu le ministre de la Participation, a fait perdre « de nombreux investissements et des milliards ». Le ministre de la Participation s'est, par ailleurs, félicité de l'amendement du code des investissements qui est devenu, selon lui, plus simple et plus attractif. M. Temmar a d'ailleurs déjà remarqué « un flux important des investisseurs qui reviennent ». Dans l'ensemble, il s'est montré plutôt satisfait sur un processus de privatisation. « Je peux vous dire, a-t-il asséné, que je suis aujourd'hui un ministre heureux. Alors qu'auparavant, j'étais un ministre frustré. »