Mardi soir, il flottait un air étrange dans l'antre du Barça au coup de sifflet final de la rencontre amicale Algérie - Argentine (3-4). La joie et la satisfaction du devoir accompli ont envahi le camp algérien, alors que de l'autre côté des vestiaires, l'ambiance était morose. Barcelone. De notre envoyé spécial Les Argentins n'ont pas digéré la sortie de leurs joueurs face à une surprenante équipe d'Algérie taxée de simple faire-valoir avant le coup d'envoi, n'est-ce pas Diego Milito (Saragosse) qui a répondu avec dédain (avant le match) à une question sur l'Algérie, plongeant dans la gêne tous les présents. Ce mépris affiché à l'égard des Verts aura joué un mauvais tour aux Argentins. Le début de la rencontre avait confirmé leur certitude et celle de leurs supporters. Une minute ne s'était pas écoulée qu'ils menaient déjà par un but à zéro. La faute de Bouzid sur Diego Milito n'avait pas échappé à l'œil vigilant de l'arbitre espagnol Alfons Xavier Alvarez Izquierdo. Au moment du tir, Tevez (Tottenham) n'a pas tremblé, contrairement aux filets de Samir Hadjaoui (1-0). Cette ouverture du score précoce a joué un vilain tour aux Argentins qui ont pensé que le match était plié...oubliant qu'en face, il y avait une équipe et des joueurs algériens qui, eux aussi, avaient à cœur de prouver qu'ils avaient du talent et des arguments à faire valoir. L'erreur des Argentins a été de tomber dans la facilité. Les passes à dix ont irradié de bonheur les travées du Camp Nou. Les camarades de Yazid Mansouri ont serré les dents et laissé passer l'orage avant de partir à l'attaque. A la conférence de presse d'après-match, le coach Alfio Basile a avoué : « Notre équipe est vite tombée dans la facilité, oubliant au passage les notions de respect qu'elle doit témoigner en toutes circonstances à ses adversaires. » Les Verts ont puisé dans cette adversité les forces nécessaires pour faire trembler ce prestigieux monument du football mondial. Le sélectionneur Jean-Michel Cavalli a commenté : « C'est une performance qui mérite d'être soulignée. Ce n'est pas tous les soirs que l'Argentine encaisse trois buts au cours d'un match. Sans oublier de noter que le premier penalty était limite limite. Les garçons n'ont pas à rougir de cette défaite. Ils ont rempli leur contrat en donnant une belle image du football algérien. A présent, il faut oublier ce match et se concentrer sur l'essentiel, c'est-à-dire le rendez-vous extrêmement important qui nous attend le 16 juin à Alger face à la Guinée. Notre objectif demeure la qualification à la CAN au Ghana. Le choc face à l'Argentine va être pour nous le match référence. Il y avait l'avant Algérie-Argentine, il y aura à partir de maintenant l'après Algérie-Argentine. Les joueurs vont sortir avec un moral à toute épreuve après l'examen de ce soir. » Tenir la dragée haute aux Argentins n'était pas, au départ, chose aisée. Toujours Cavalli : « En face, il y avait la crème du football. Pas la peine de souligner les noms de tous les prestigieux joueurs qui étaient sur le terrain ou sur le banc et qui font rêver des millions de supporters dans les compétitions majeures en Europe. Les joueurs algériens ont relevé le défi et prouvé qu'ils méritent qu'on leur fasse confiance en toute circonstance. » A la question de savoir si le doute l'a envahi après les premières minutes de jeu, le sélectionneur a répondu : « À aucun moment je n'ai douté de la capacité des joueurs à revenir dans la partie. Le moral des joueurs est trempé dans l'acier. » Nadir Belhadj a sonné le réveil des Verts en déposant une balle, sur coup franc, sur la tête de l'irréprochable Antar Yahia, qui l'a judicieusement déviée devant Abbondanzieri. Avant la pause, les Verts ont créé la sensation en prenant l'avantage grâce, une fois de plus, au coup de patte magique de Nadir Belhadj qui a été le cauchemar du portier argentin en l'obligeant pour la deuxième fois, et pas la dernière de la soirée, à aller chercher le ballon au fond de ses filets... sur coup franc. Sur les terres de Ronaldinho, Nadir Belhadj a soutenu la comparaison avec le prestigieux footballeur brésilien du FC Barcelone. Au moment de rejoindre les vestiaires, les Argentins étaient sans voix, contrairement aux milliers de supporters des Verts venus de toute l'Europe et qui ont manifesté leur joie de façon très remarquée. Qu'est-ce qui s'est dit dans les vestiaires à la mi-temps ? Yazid Mansouri répond : « Le coach nous a demandé de rester en place, de garder le ballon, de chercher les espaces et d'aller à fond lorsque l'occasion se présente. » Pas très loin de notre capitaine, l'avant-centre argentin Tevez livre son analyse sur les deux mi-temps : « J'ai trouvé la défense algérienne très hermétique en première période, surtout après l'égalisation. Les défenseurs algériens se sont très bien repris après l'ouverture du score. Après la pause, nous avons trouvé plus de facilité pour nous approcher de leur cage. » Son partenaire Messi était un peu triste de la tournure du match : « Nous sommes rapidement tombés dans la facilité et l'Algérie a fort bien réagi. J'ai trouvé l'adversaire pas mal par rapport aux informations qu'on a eues avant le coup d'envoi. » A une question d'un journaliste espagnol sur la rigueur de la défense algérienne, l'idole de l'Argentine a eu cette réponse : « Je ne trouve pas que les Algériens ont joué dur. » Son entraîneur Alfio Basile, lui aussi, était dans ses petits souliers face aux journalistes de son pays qui n'ont pas manqué de souligner leurs appréhensions à quelques jours de la Copa America. « Je crois qu'il faut souligner la performance de l'Algérie qui s'est bien défendue et qui nous a mené la vie dure pendant une grande partie du match. L'essentiel pour nous, c'est la victoire et les multiples enseignements qu'on va tirer du rendez-vous de ce soir », a-t-il déclaré avant de s'éclipser par une porte dérobée.