Le rendez-vous amical Algérie-Argentine, disputé hier soir au mythique stade Camp Nou, n'a pas fait courir la Catalogne. Barcelone. De notre envoyé spécial C'est le moins que l'on puisse dire en ce qui concerne la couverture de cette rencontre. Les journaux de la place lui ont consacré juste une noticia. Le visiteur de la capitale catalogne en cette période de début de vacances n'a croisé aucune affiche en ville, annonçant la tenue de ce match. Même nos confrères argentins, si prompts d'habitude à rendre compte à leurs lecteurs du moindre fait et geste des joueurs de la Pampa, ont brillé par leur absence. Les rares envoyés spéciaux qui accompagnent la troupe à Alfio Basile (le sélectionneur) n'étaient pas contents de la tournure de la préparation de la sélection. Ils n'ont pas manqué de le faire savoir lors de la conférence de presse qu'Alfio Basile a animée dimanche dans le luxueux salon de l'hôtel Princesse Sofia (5 étoiles) où les camarades de Lionel Messi (traqué par les journalistes et ses admirateurs) ont pris leurs quartiers depuis plusieurs jours. Les Verts ont opté, de leur côté, pour un hôtel plus discret du côté de l'aéroport où ils y ont posé pied à la mi-journée. Le choix de cet établissement répondait, semble-t-il, au désir des uns et des autres de mettre les Verts à l'abri de toute pression. Dans la journée, aucune nouvelle n'a filtré du côté des Verts. La seule info parvenue de cette retraite était la confirmation de l'absence de Rafik Saïfi pour ce match. La fédération et le staff technique lui ont donné le feu vert pour rester à Alger afin de préparer son mariage qu'il célébrera demain (jeudi). Les adversaires de l'Algérie ne semblaient pas faire grand cas de cette deuxième retrouvaille avec le représentant du continent africain, l'Algérie. La première fois, c'était lors du Mondial juniors de Tokyo (1979) où l'Argentine conduite par Maradona avait infligé un sévère 5-1 aux Verts, dirigés à l'époque par Abdelhamid Kermali. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. La rencontre d'hier soir revêtait un caractère important pour les deux sélections qui, ne l'oublions pas, étaient de sortie le week-end dernier. L'Algérie au Cap-Vert (2-2) et l'Argentine en Suisse (1-1). Les sélectionneurs Cavalli et Basile ont tout fait avec leurs dirigeants respectifs pour que le match ait lieu. Le premier vise la sortie capitale du 16 juin prochain face à la Guinée et le second est déjà tourné vers le difficile tournoi de la Copa America. Rappelons que l'Argentine est versée dans un groupe difficile avec comme adversaires l'Uruguay, le Chili et le Paraguay. Interrogé sur l'état d'esprit qui anime les joueurs argentins à quelques heures du match, un confrère argentin de Ole dira : « Les joueurs font peu de cas de ce match. L'Algérie ne leur fait pas peur parce qu'ils n'ont aucun repère sur cet adversaire. C'est une formalité qu'ils doivent accomplir, c'est tout. Ils n'ont aucune idée sur cet adversaire qui ne brille plus dans les grandes compétitions. A vrai dire, ils sont tous branchés sur leur avenir personnel. » Le sujet qui fâche est lancé. Alfio Basile et les encadreurs de la sélection ont tout fait pour que les joueurs restent concentrés sur le match. Rien n'y fit. Même la modeste performance face à la Suisse ne leur a pas fait perdre le sommeil et le sourire, à l'image de Saviola, Cambiaso, Messi qui ont trouvé le temps de deviser et de plaisanter dans le hall de l'hôtel vers les coups de minuit alors qu'ils étaient sensés être dans les bras de Morphée. Pour illustrer le calme plat qui a présidé à la sortie d'hier, il faut juste souligner que les Argentins et les joueurs du Barça ont partagé le petit terrain d'entraînement jouxtant Camp Nou. Les Argentins se sont amusés à voir Ronaldinho et ses partenaires s'entraîner dans la joie, sans grand effort. Alfio Basile a dû piquer une colère pour que ses joueurs « oublient » de regarder les facettes du Brésilien et de Samuel Eto'o. Aux abords de Camp Nou, les visiteurs s'affairaient à faire des emplettes dans les magasins du club préféré des Catalans. Seuls les préposés au stade, employés du club, s'occupaient de l'organisation pour la rencontre de la nuit. Le centre d'accréditation du Barça était paisible... jusqu'à l'arrivée des confrères algériens qui n'ont pas trouvé le fameux sésame qui ouvrit droit à l'accès à la tribune de presse. Il a fallu une bonne dose de courage et d'abnégation pour qu'enfin au bout de trois longues heures d'attente leur demande légitime soit satisfaite. Dehors, quelques supporters algériens signalent leur arrivée avec de stridents coups de klaxon qui ont déchiré la quiétude ambiante. Les organisateurs (invisibles) n'ont fourni aucune indication sur le nombre de candidats spectateurs attendus. Ils ont opté pour le silence radio... qui cadrait bien avec ce que notre confrère argentin a qualifié de « non-évènement ». Il est vrai qu'ici, les Barcelonais sont gavés de football (le vrai) de haut niveau. Leurs regards sont tournés vers le derby local de ce week-end, Espanyol-Barça et ont l'œil tourné vers Saragossa qui reçoit le Real Madrid dans une journée qui risque d'être déterminante pour l'obtention du titre de champion d'Espagne. Même Alfio Basile n'a pu rien faire pour préserver la concentration de son équipe, dans la mesure où sa détermination à ne parler que du match Argentine-Algérie a été battu en brèche par de nombreux journalistes espagnols qui n'ont pas cessé de lui demander s'il allait laisser souffler Messi en prévision du derby de samedi. A leurs yeux, Argentine-Algérie est insignifiant par rapport à Espanyol-Barça. Rien que cela. A partir de là, il est normal de comprendre pourquoi le rendez-vous de ce soir n'a pas provoqué le moindre engouement dans une ville qui ne vit pourtant que pour son équipe et le football. C'est dans ce contexte un peu étrange que les Verts ont donné la réplique à leurs illustres adversaires... dans une indifférence quasi générale.