Dix-sept personnes ont été condamnées hier par le tribunal correctionnel de Ziadia pour attroupement non autorisé et trouble à l'ordre public. Le procès s'est déroulé sous haute tension en présence des familles des accusés et d'une foule formée par les habitants de la cité Boudraâ Salah. En effet, on jugeait hier des habitants de ce quartier démuni, coupables d'avoir tenu, il y a plus d'une semaine, un sit-in devant le cabinet du wali de Constantine. Désespérés par la vie qu'ils mènent depuis plus de 40 ans dans des F1 et les promesses non tenues pour leur relogement, près de 200 contestataires, encadrés par les membres de l'association du quartier, sont venus ce jour-là manifester pacifiquement leur mécontentement. Leur volonté de rencontrer le wali s'est heurtée au refus de ce dernier pour ouvrir la voie à un dérapage qu'ils imputent aux forces de l'ordre. Selon les témoignages de membres de l'association, « la violence des policiers était disproportionnée, et plusieurs personnes, y compris des femmes, ont reçu des coups ». Suite à cela, 17 manifestants, âgés entre 22 et 60 ans, ont été interpellés et présentés à la justice. Ils ont tous écopé de deux mois de prison avec sursis. Un jugement considéré inacceptable par le président de l'association du quartier Boudraâ Salah qui « dénonce non seulement la peine mais aussi l'acte d'incriminer des citoyens qui n'ont fait que réclamer calmement un droit ».