Première du genre, l'association de lutte contre l'analphabétisme Iqra ne compte plus prodiguer des cours uniquement de base à des analphabètes mais de passer à une autre étape, consistant en le renforcement de leurs connaissances juridiques. Depuis sa création, cette association a pris en charge au niveau des classes spéciales d'alphabétisation, plus de 70 000 citoyens et formé près de 500 enseignants volontaires. Lors d'une journée d'étude organisée ce jeudi par le bureau d'Iqra, en collaboration avec le programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et en présence de représentants du ministère de la Justice, Mme Aïcha Barki, présidente de l'association, a affiché sa satisfaction quant à la mise en œuvre par les pouvoirs publics d'une stratégie réelle de lutte contre l'analphabétisme. Un projet qui, normalement, devait être appliqué, il y a de cela des années. « Depuis 1963, aucune politique ni un projet d'une telle envergure n'a été élaboré par le gouvernement. C'est la première fois que l'on se penche sérieusement sur la question. De par le passé, des expériences ont été réalisées, mais les résultats restent en deçà des objectifs fixés », fera remarquerMme Barki qui est persuadée que l'analphabétisme n'est pas une conséquence de l'éducation, mais plutôt un phénomène social nécessitant, pour son éradication, l'implication de tous les secteurs. Faut-il préciser qu'incessamment, un décret présidentiel et quatre autres exécutifs relatifs à la nouvelle stratégie de lutte contre l'analphabétisme seront rendus publics. Le premier décret instituera expressément l'obligation de contribuer à l'alphabétisation pour toutes les parties concernées. L'Etat a consacré 50 milliards de dinars pour la mise en œuvre de cette stratégie pour les dix prochaines années. Ce jeudi, Mme Barki fera part des efforts considérable déployés depuis des années par son association pour la prise en charge des analphabètes au niveau national, soulignant, à cet effet, la nécessité de former les enseignants et de poursuivre la politique de publication des livres pédagogiques entamée depuis 1995 par l'association pour enrichir les connaissances des citoyens en matière de droits et devoirs. La conférencière a relevé, dans ce sillage, l'importance du manuel pédagogique sur l'alphabétisation portant sur le code de la famille, indiquant par-là même que ce manuel, qui a vu le jour grâce à la volonté du ministère de la Justice de se rapprocher de la population, contribue à ancrer la culture juridique chez les personnes qui suivent des cours d'alphabétisation. Ce manuel, qui comprend certains articles du code de la famille amendé, permet d'éclairer le citoyen sur des questions importantes ayant trait à la société. Le représentant du ministère de la Justice s'est étalé sur l'importance de ce manuel, auquel a été consacrée une enveloppe financière de930 000 DA. Un manuel, explique-t-il, qui répond à travers des moyens scientifiques et pédagogiques aux questions des citoyens sur leurs droits et devoirs à l'égard du pays et permet de vulgariser le code de la famille en l'introduisant dans les programmes scolaires. La réalisation d'un tel ouvrage s'inscrit dans le cadre du projet maghrébin de coopération prévu par la convention signée entre l'association Iqra et Global opportunités Fund du gouvernement britannique. Dans son intervention, la chargée du programme PNUD en Algérie a salué « les efforts déployés par l'Algérie en matière d'alphabétisation et de protection des droits de la femme » tout en admettant que la publication d'un livre de ce genre permettra de « simplifier la compréhension des articles du nouveau code de la famille ». Par ailleurs, le concepteur de ce manuel, M. Boudjemâa Merghit, a relevé que la réalisation de ce livre, à la fois pédagogique et d'orientation, « s'inspire des dispositions du code de la famille amendé concernant, notamment, le mariage, le divorce et les liens de sang ». Le livre comprend, selon lui, 19 textes traitant des questions liées aux fiançailles, au mariage, au divorce (pension, garde des enfants...), à la kafala et au droit de la femme à l'héritage. Ce manuel permettra inévitablement aux personnes, plus particulièrement les femmes qui commencent à peine à apprendre à lire et à écrire, de connaître leurs droits, de prendre surtout connaissance des textes de loi les concernant de très près.