La photographie est-elle capable de transmettre l'identité des personnes photographiées ? Cette question, soulevée par Christian Courreges et Mohamed Bourouissa, deux professionnels de la photo, a été au centre des débats lors d'une conférence sur l'histoire de la photographie, organisée samedi dernier au centre culturel français. Dans son exposé, Christian Courreges a remonté le cours du temps pour arriver à l'époque de l'invention de l'appareil-photo, au milieu du XIXe siècle. C'est en 1840 que les premiers appareils voient le jour, mais sont encore trop rudimentaires. Les effigies présentées saisissaient les gens à leur insu, ou, comme l'explique le conférencier tout en projetant quelques photographies de l'époque, dont une d'un condamné à mort avec le regard absent de quelqu'un qui aurait déjà quitté le monde. Sans perdre de vue l'objet de sa recherche, l'intervenant faisait défiler des photos avec essentiellement des expressions où intervenait « le réalisme de la photo ». Ainsi, l'artiste voudrait, à son sens, « s'approprier les limites techniques » de son appareil pour mettre en scène différents personnages dans diverses situations, et en faire des « icônes » représentatives de certains évènements historiques, ou même d'en montrer l'expression d'un caractère ou d'une âme. Avec cette « prétention » de vouloir saisir la personnalité de l'homme, quelques grands écrivains ont également suscité l'intérêt de ces artistes, tels Malraux et Cocteau. Les marginaux ont aussi été la cible de leur objectif. Certaines photographies réalisées par des artistes algériens ont servi de support à cette recherche, dont quelques-unes montrent des femmes et des hommes algériens du XIXe siècle en costumes traditionnels. A travers la photo, l'artiste recherche ce qu'il y a de plus profond en l'homme, et fait ressortir « la force, la grâce et le charme des personnages », en étudiant notamment les expressions des visages. Les regards « sont une piste pour l'interprétation ».