Le centre culturel M'hamed Yazid d'El Khroub a abrité jeudi dernier une conférence sur l'histoire de la Numidie sous le règne de l'un de ses plus illustres rois et fondateur de sa grandeur reconnue, Massinissa (238-148 av J.-C.). Cette incursion dans l'histoire antique de l'Afrique du Nord a été animée par le Pr Jean-Pierre Laporte, archéologue et historien émérite, expert reconnu à l'échelle internationale. Au début, un bref panorama dans l'antiquité nous fait savoir que l'actuel Maghreb était scindé en trois royaumes souverains : les Maures à l'Ouest, les Massaessyles au Centre et les Massyles ou Puniques ou encore appelés Carthaginois vivant dans l'actuelle Tunisie. Toutes ces vastes contrées faisaient l'objet d'une convoitise acharnée de la part de Rome, dépositaire de la civilisation dominante, héritée de la Grèce et enrichie par des apports dans le domaine de l'art militaire, notamment. Mais c'était compter sans le refus d'abdiquer de Carthage, puissance montante de l'époque, laquelle sous la férule d'un chef d'armée hors du commun, un certain Hannibal avait fait vaciller ses certitudes de puissance inégalable, en menaçant les fondements de son existence-même. C'est d'ailleurs avec lui, dira le conférencier, que le jeune Massinissa affûta ses armes de stratège militaire quand il a été envoyé en Espagne, à 24 ans par son père Gaïa, en 211 av. J.-C., afin de prêter main-forte aux Carthaginois qui avaient réussi à agrandir leurs possessions en s'emparant de la Sardaigne et de la Sicile. C'était la première guerre punique. Mais à partir de là, Massinissa montre toute l'étendue de son savoir-faire politique et diplomatique en tissant une amitié indéfectible avec le général romain Scipion. Cette alliance permit, après moult péripéties, batailles et jeux d'influence, de venir à bout de la puissante Carthage et de s'emparer de 100 cités puniques. Félonie, traîtrise à l'égard de ses voisins, comme l'ont suggéré des personnes présentes dans la salle ? Le Pr Laporte répondra en ces termes : « C'était un homme politique qui savait anticiper sur les évènements. Il se savait menacé par l'ambition carthaginoise, il avait agi en conformité avec les intérêts de son royaume. Et puis ces mots n'avaient pas la même charge émotionnelle qu'aujourd'hui. Ne nous prenons pas au piège des mots et n'essayons pas de plaquer des notions modernes sur l'antiquité ».